L’épaisseur du monde de Jouannais et Tartarin

Les visiteurs, dans un cheminement libre et aéré faisant découvrir successivement les deux univers, sont amenés à tisser des liens entre les deux pratiques car, d’une part, la nature, objet d’immensité dont l’artiste ne saisit qu’une parcelle pour exprimer sa totalité, fédère les deux approches et, d’autre part, les deux créateurs, pour engendrer leurs œuvres que l’on devine jubilatoires à agencer, orchestrent une interactivité des techniques. De son côté, Jouannais propose, en compagnie de structures en PVC et céramiques réalisées spécialement pour l’occasion, des formes découpées très colorées dont l’animation entre plein et vide et extérieur et intérieur les fait pleinement osciller entre peinture et sculpture. Quant à Tartarin, il se joue lui aussi de l’entre-deux puisqu’il dévoile, avec ses séries Entre(s) et Re-prendre, des photographies de forêts fourmillantes dont les plages moirées et vibrantes semblent faire écho aux compositions all-over signées Pollock, Hantaï et Rouan. Peinture ou photographie ? Sculpture ou peinture ? Qu’importe ici puisqu’à l’arrivée, avec ces deux alchimistes captant délicatement le « beau merveilleux » (Tartarin) de la nature, l’œuvre est là, absorbant longuement notre attention tant ses plis et replis rappellent la diversité du monde.