La CNHI revient sur la situation des étrangers en France durant l’entre-deux-guerres.
PARIS - Pour sa première exposition temporaire, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration se penche sur le passé du bâtiment dans lequel elle fut installée l’année dernière : le Palais de la Porte Dorée, dans le 12e arrondissement parisien. Autrefois appelé le Palais des colonies, l’édifice a été conçu en 1931 à l’occasion de « l’exposition coloniale internationale » destinée à vanter les mérites de la colonisation et à exhorter la puissance de l’Empire français. Érigé au milieu des reconstitutions de monuments et villages exhibant les populations colonisées de mai à novembre 1931, le Palais des colonies ne dérogeait pas à la règle : sur sa façade furent gravés les noms des principaux colonisateurs et, à l’intérieur, d’immenses fresques illustraient les missions civilisatrices de l’Hexagone. Après avoir évoqué les fastes de cet événement, à travers une série d’œuvres jadis exposées (des tableaux et objets d’art aujourd’hui conservés au Musée du Quai Branly à Paris), le parcours propose de découvrir l’envers du décor en s’intéressant plus généralement à la situation des immigrés (les migrants coloniaux et ceux venus de l’étranger) en France dans l’entre-deux-guerres. Loin d’assimiler l’histoire de l’immigration à celle de la colonisation et de se focaliser sur cette dernière, il s’agit bien, ici, d’élargir le débat. Le parcours fonctionne par petits modules qui, chacun, déclinent un thème : le monde du travail, la politisation des migrants et immigrés, leurs statuts, leur mode de vie dans les grandes villes, les cités ouvrières ou les campagnes, et l’image qu’en donnent les médias. L’ensemble associe des documents d’archives, affiches, photographies, documentaires filmés ou radiophoniques, effets personnels et lettres autographes confiées par des particuliers, dans une grande proximité avec le visiteur, invité à partager le quotidien de celles et ceux qui choisirent la France comme pays d’adoption. Année de recensement, 1931 est une période charnière. La France compte alors près de 2,9 millions d’étrangers (soit 7 % de sa population) venus en masse reconstruire le pays après la Première Guerre mondiale. Ces travailleurs étrangers n’échappent pas à la crise économique de 1929 et se retrouvent victimes de campagnes nationalistes et xénophobes, jusqu’à être encouragés, moyennant finances, à retourner dans leur pays d’origine. De nombreux destins se croisent dans cette exposition qui témoigne avant tout des ambiguïtés de l’époque et de la complexité d’une histoire dont des pans entiers sont encore à écrire.
Jusqu’au 7 septembre, Cité nationale de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris, tél. 01 53 59 58 60, www.histoire-immigration.fr, tlj sauf lundi 10h-17h30 et 19h le week-end. Catalogue éditions Gallimard, 26 euros.
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L’envers du décor
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissariat général : Jacques Hainard, directeur du Musée d’ethnographie de Genève - Commissariat : Laure Blévis, maître de conférence à Paris X ; Hélène Lafont-Couturier, directrice des collections de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration ; Nanette Jacomijn Snoep du Musée du quai Branly ; Claire Zalc, chargée de recherches au CNRS
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°284 du 20 juin 2008, avec le titre suivant : L’envers du décor