PARIS - La troisième dimension n’a pas fini de bouleverser le monde. D’autant plus qu’elle se génère dorénavant toute seule grâce à la technique de l’impression en 3D.
Depuis une quinzaine d’années, cet iceberg visible et séduisant des technologies numériques bouleverse la fabrication et la conception des objets transformant la pratique des créateurs. C’est ce que montre l’exposition « Imprimer le monde » déployée au Centre Pompidou, à Paris. Celle-ci réunit une quarantaine d’architectes, designers et artistes, auteurs – en solo ou en groupe – d’une variété de créations dont le statut reste vague. S’agit-il d’objets du quotidien ou d’expériences de laboratoire ? De modèles technologiques ou d’œuvres d’art ? De prototypes architecturaux ou d’architecture « réelle » ? À chacun de se faire sa propre opinion. Les néophytes seront à la peine.
Mutation du processus de conception et de réalisation
Pour les connaisseurs, certains projets rappellent ceux exposés lors de la 9e édition d’Archilab, en 2013, à Orléans (lire le JdA n° 400). Rien d’étonnant, la commissaire de l’exposition, Marie-Ange Brayer, conservatrice au Centre Pompidou, n’est autre que l’ex-directrice du Fonds régional d’art contemporain-Centre, grand ordonnateur, à l’époque, de la manifestation orléanaise. On pense notamment à Digital Grotesque des architectes-programmeurs Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger – ici, une deuxième version –, cette grotte en sable mixant art de la rocaille et précision de l’algorithme, qui calcule au dixième de millimètre près cet impressionnant maillage constitué de 260 millions de facettes.
L’impression numérique peut décidément œuvrer tous azimuts. Pour le meilleur, avec la designer batave Lilian Van Daal qui, avec Shapes of Sweden, s’inspire d’un processus biomimétique pour réaliser des sièges de voitures recyclables, contrôlant avec une extrême précision la distribution de la matière selon que la zone nécessite souplesse ou rigidité. Pour le pire aussi : en 2013, le crypto-anarchiste américain Cody Wilson livre sur Internet, en open source, un fichier numérique pour concevoir… un pistolet, le Liberator Gun (sic). L’imprimante 3D n’est pas toujours aussi merveilleuse qu’il n’y paraît ! Ainsi, aux côtés de la Growth Table Titanium, une vidéo montre les étapes de fabrication de ladite table. Si les divers éléments qui la composent sont imprimés en 3D, une fois assemblés, ceux-ci ont fait l’objet d’un polissage « fait main » long et fastidieux. Contrairement à la présentation Hello Robot du Vitra Design Museum de Weil am Rhein, en Allemagne (lire le JdA n° 474), le visiteur, ici, regrettera l’absence d’une imprimante 3D à l’œuvre, et par là même, la « magie » qui résulte de la fabrication.
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L’empreinte d’un monde futur
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 19 juin, Centre Pompidou, Place Georges-Pompidou, 75004 Paris
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°477 du 14 avril 2017, avec le titre suivant : L’empreinte d’un monde futur