« Isoler l’objet ou une partie de l’objet et les montrer à l’écran en gros plan, à l’échelle la plus grande possible. » En 1924, alors qu’il est en train de réaliser son fameux Ballet mécanique, Fernand Léger croque cette note, tout en précisant : « L’agrandissement énorme d’un objet ou fragment d’objet lui confère une personnalité qu’il n’a jamais eue auparavant et il devient ainsi le véhicule d’une puissance lyrique entièrement nouvelle. » Toute la pensée esthétique de Léger trouve dans ces lignes sa pleine justification. Figure pionnière d’un art moderne qui vise au décloisonnement des pratiques et qui s’applique à marier dessin, couleur et espace, Fernand Léger n’était fondamentalement préoccupé que d’architecture. Ses idées de villes polychromes, d’un nouvel art public et populaire, de la collaboration entre peintres, architectes et autres artisans trouveront à s’illustrer dans le concept d’art mural qui en appellera à toutes sortes de techniques. Monumentale, chacune de ses œuvres ne l’est pas forcément par ses dimensions mais par sa conception spatiale et sa dynamique interne. Qu’il s’agisse de peintures, de sculptures, de reliefs en verre ou en mosaïque, voire de tapisseries, les compositions de Léger en appellent toutes à l’idée de construction. La vingtaine d’œuvres proprement monumentales présentées ici dans les cours publiques y trouvent très exactement la destination que leur souhaitait l’artiste. Ses Trois Femmes sur fond rouge, une mosaïque de 1927, ses Quatre Acrobates, une autre de 1942-1944, et sa Grande fleur qui marche, un bronze polychrome de 1952 y sont pleinement à l’air libre. Comme des objets utiles et spectaculaires de
la vie. Sans gardien autour !
« Léger Monumental », TOULOUSE (31), Les Abattoirs, 76 allée Charles de Fitte, tél. 05 34 51 10 60, 24 février-4 septembre.
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Léger, monumental et libre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°570 du 1 juin 2005, avec le titre suivant : Léger, monumental et libre