Lee Miller, de la mode au surréalisme

Placé au féminin, le mot « aventurier » devient presque une injure. Bien des hommes pourtant n’auraient su traverser leur époque avec autant de panache et de liberté que ne le fit cette belle Américaine. En 1927, elle pose en couverture de Vogue pour les plus grands photographes de son temps : Edward Steichen, George Hoyningen-Huene... En 1929, à peine arrivée à Paris, elle devient la compagne et le modèle favori de Man Ray (le buste magnifique, éclairé par le soleil passant à travers un rideau de dentelle, c’est celui de Lee Miller). Pour Jean Cocteau, elle devient une statue dans Le sang du poète. De sa fréquentation des cercles surréalistes, elle tire l’inspiration qui accompagne ses premières œuvres de photographe dans le désert égyptien. En 1937, à l’occasion d’un bal regroupant ses anciens amis parisiens (Man Ray, Paul Eluard, Michel Leiris), elle rencontre son futur époux, Roland Penrose. Leur histoire va d’abord se dérouler en pointillés, à travers la tourmente du conflit mondial. Lee Miller devient alors correspondante de guerre pour les revues de mode qui avaient naguère célébré sa beauté. Ses photos du Blitz à Londres, puis du siège de Saint-Malo et surtout de l’ouverture du camp de concentration de Dachau sont entrées dans l’histoire. Réunis après la guerre, les Penrose maintiennent leurs liens avec leurs amis surréalistes. Mais Lee refuse désormais de montrer ses images. Antony mettra des années à les rassembler, afin que soit enfin revélée l’œuvre d’une artiste follement éprise de liberté.