PARIS
Réussir une exposition sur la thématique animale n’est pas si facile ; on se souvient encore de l’illustrative « Beauté animale » au Grand Palais en 2012.
C’est pourtant ce que parvient à faire brillamment la Fondation Cartier avec son « Grand
Orchestre des animaux ». Trouvant son inspiration dans l’œuvre du musicien et bio-acousticien américain Bernie Krause, qui enregistre depuis près de cinquante ans les sons que produisent les animaux, Hervé Chandès, directeur du lieu, convoque une quinzaine de plasticiens internationaux, utilisant différents médiums (peinture, dessin, vidéo, photographie, installation), afin de transformer la fondation en un grand orchestre polyphonique et visuel explorant la planète sauvage. Au rez-de-chaussée, le spectateur savoure une « conversation » entre de multiples représentations de l’animalité par l’homme et des oiseaux artistes : des vidéos captant des chorégraphies flamboyantes de volatiles d’Australie et de Nouvelle-Guinée côtoient les loups énigmatiques d’Hiroshi Sugimoto, la fresque rupestre monumentale dessinée au feu de Cai Guo-Qiang ainsi que le mur de céramique peint d’oiseaux d’Amazonie par Adriana Varejão.
Mais le clou de l’exposition, à n’en pas douter, se trouve à l’étage inférieur : dans l’obscurité, on pénètre deux installations immersives alliant plaisir esthétique et rigueur scientifique. La première, associant la musique planante de Ryuichi Sakamoto à des images signées Christian Sardet, chercheur au CNRS, célèbre la beauté stupéfiante des planctons qui sont à l’origine de la vie sur terre. Quant à la deuxième, qui est une installation électronique du collectif anglais United Visual Artists (Uva) reprenant « le grand orchestre animal, révélateur de l’harmonie acoustique de la nature » (Krause), elle propose un trip écologique fascinant. Plongé dans un grand paysage sonore qui fait entendre les voix animales, le visiteur découvre alors une véritable musique non humaine, mettant définitivement à mal une vision cartésienne anthropocentrique du monde où l’homme, soi-disant supérieur aux autres espèces, est le « maître et possesseur de la nature ». Ici, le dépaysement est total et l’émotion, maximale.
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À l’écoute des animaux à la Fondation Cartier
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris-14e, www.fondation.cartier.com
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : À l’écoute des animaux à la Fondation Cartier