Sam Bardaouil et Till Fellrath furent l’an dernier les commissaires invités du Centre Georges Pompidou, où ils présentèrent une exposition consacrée au surréalisme en Égypte, ouvrant ainsi notre regard sur ce pan de l’histoire de l’art peu connu.
Ce couple de commissaires nous offre à présent, à la Fondation Boghossian, une véritable leçon de regard au premier sens du terme. Cette proposition s’appuie sur l’ouvrage de John Berger publié en 1972, Ways of Seing, qui souhaitait transformer la manière de voir les œuvres d’art, en libérant le regard des lectures imposées et en permettant ainsi à tout un chacun de se réapproprier son héritage culturel. Pour l’occasion, vingt-quatre artistes contemporains ont été conviés à exposer des œuvres qui ont pour point commun celui de constituer des sortes de « pièges » ou de stratagèmes visuels. Que ce soient le verso de toiles célèbres révélé par Vik Muniz, les installations de Gustav Metzger qui « condamne » le visiteur à n’avoir que des bribes d’images de ses photographies historiques, ou encore les photographies de Jojakim Cortis et Adrian Sonderegger qui désacralisent le statut documentaire de la photographie, la question du voir est sans cesse mise en abyme.
À l’heure où nous sommes soumis à un flux continu et croissant d’images, à l’heure où nous pouvons avoir l’impression d’être prisonniers de lectures critiques des œuvres qui survalorisent la dimension politique et relèguent au second plan ce qui est véritablement donné à voir, inviter le visiteur à développer un regard libre, critique et conscient de lui-même est plus que jamais salutaire et constitue en cela une proposition, certes idéaliste, mais hautement politique et nécessaire.
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Leçon de regard
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°708 du 1 janvier 2018, avec le titre suivant : Leçon de regard