Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est faux ? Les critères d’appréciation d’une image photographique doivent-ils rester dépendants des textes qui l’accompagnent ? À ces jeux de camouflages et de révélations, l’Australienne Tracey Moffatt n’a plus de leçons à recevoir. Si l’on exclut l’idée que tout cela peut faire partie d’un film, la première vision de son travail induit un certain trouble. Dans sa série Scared for life, par exemple, les légendes figurant sous les photos en augmentent considérablement la charge de violence. Cette fiction fabriquée, plus réelle que le réel, est aussi le signe de la perte d’une innocence : celle du sujet représenté comme celle de la photographie elle-même. Quant au film, il se déroule sur une terre cruelle, dernière frontière pour des blancs perdus dans les grands espaces, en proie à leur folie, et lieu multi-millénaire pour des aborigènes égarés dans l’intégration obligatoire. Ces tensions, ces violences domestiques, cette part de mystère du continent austral, traversent les images de Tracey Moffatt, sans pour autant en fournir une explication. Dans un entretien avec Marta Gili, elle dit simplement : « Quand je conçois une photographie, j’ai conscience que ce n’est qu’une image fixe qui doit, en un sens, prendre une résonance. Elle doit exister en elle-même. Ce n’est pas un photogramme, c’est une image élaborée... Mais bien entendu, il y a toujours une histoire, un photo-drame, si bien que les photographies ne représentent parfois qu’un fragment d’une histoire plus ample. »
PARIS, Centre national de la Photographie, 17 novembre-10 janvier et galerie Laage-Salomon, jusqu’au 22 janvier.
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Le vrai et le faux selon Tracey Moffatt
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Le vrai et le faux selon Tracey Moffatt