MARSEILLE
Marseille - Jusqu’au 21 août 2022, le grand hall du Palais de la Bourse à Marseille accueille la Joconde.
Non pas celle qui voit se succéder chaque jour au Louvre des flots de touristes du monde entier – l’original est bien trop fragile et attire bien trop de visiteurs pour s’autoriser la moindre échappée hors de la salle des États – mais sa version numérique. « La Joconde, exposition immersive » la déploie en six chapitres au milieu d’un vaste paysage en mouvement : projeté sur un écran de 70 m, celui-ci agrège plusieurs œuvres de Léonard de Vinci et s’anime au passage des visiteurs. Il enveloppe un dispositif fait d’écrans tactiles et d’alcôves où le portrait de Lisa Gherardini est scruté sous toutes les coutures, et même passé aux rayons X. C’est que l’événement, porté par Grand Palais immersif en partenariat avec le Louvre, affiche une ambition claire : expliquer à un très large public pourquoi le chef-d’œuvre peint au début du XVIe siècle sur un panneau de peuplier est devenu le tableau le plus connu au monde, mais aussi le plus copié, reproduit, détourné et réinterprété… L’exposition s’offre ainsi en prélude à un projet de démocratisation culturelle par les nouvelles technologies porté par la RMN et différents partenaires. En septembre 2022, il se concrétisera avec l’ouverture d’un espace dédié aux expositions numériques dans la « salle modulable » de l’Opéra-Bastille. À Marseille, le numérique vient aussi maintenir hors les murs la programmation du Grand Palais pendant sa fermeture pour travaux. Le dispositif évoque bien sûr Culturespaces, qui a popularité avec succès la formule aux Baux de Provence, puis à Paris, à Bordeaux et à l’étranger. À mesure que l’on parcourt l’exposition au Palais de la Bourse, on comprend toutefois que Grand Palais immersif, tout en veillant à l’accessibilité et à l’implication du public, n’entend rien sacrifier à l’exigence scientifique. Au gré de films courts et de modules interactifs et ludiques, le « mythe » de la Joconde s’éclaire au sens propre du terme. L’exposition souligne d’abord l’originalité d’un portrait peint grandeur nature et de trois-quarts, dont le modèle nous regarde fixement, un vague sourire aux lèvres. À rebours des conventions en vigueur à l’époque en Italie, où les sujets sont plutôt campés de profil, c’est ainsi dans la peinture flamande qu’il faut chercher les sources d’inspiration les plus vives de Léonard de Vinci. Les dispositifs numériques nous plongent ensuite au cœur du « sfumato » dont l’artiste a nimbé Mona Lisa. Pour en souligner la singularité, ils recourent aux examens visuels et à l’imagerie de laboratoire. « La Joconde, exposition immersive » revient enfin sur la réception prodigieuse du tableau : plébiscité dès l’époque de sa réalisation, il a inspiré une longue lignée d’artistes, de Raphaël à Ingres. La dernière section de l’exposition montre que son immense popularité tient aussi à un événement largement relayé par la presse : le vol du tableau en 1911 par un ouvrier italien. En popularisant le portrait de Mona Lisa, il en a fait l’objet de spéculations innombrables, et même de « fake news ». À la fin de l’exposition, on peut aussi créer son propre « collage » numérique à partir des nombreuses versions de La Joconde créées par Picasso, Duchamp ou Okuda. Pour mieux s’approprier l’œuvre.
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Le voyage de la Joconde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Le voyage de la Joconde