Le travail de mémoire sur les camps nazis de Michael Kenna

En parallèle de son travail sur la représentation du paysage et les traces du passé, il a saisi ce qui subsiste. Aucune de ces images n’avaient été montrée jusqu’à l’exposition « Mémoires des camps », organisée en 2001 à l’hôtel de Sully à Paris, et la publication chez Marval de L’Impossible Oubli, les camps nazis cinquante ans après. Photographies de Michael Kenna. Des débats s’ensuivirent, notamment sur l’esthétisme de ces images, dénoncée par Claude Lanzmann. Vingt ans plus tard, le don du photographe au Musée de la Résistance nationale des archives de ces réalisations (des négatifs aux tirages de travail), complétées de tirages, remet ce travail en lumière. L’esthétisme des images de Michael Kenna fera-t-il à nouveau débat ? On peut en douter, tant son approche inscrit ses pas dans ce qui prévaut dans ses photographies en noir et blanc de paysages, à savoir l’art de capter l’essence des choses. « Ma façon d’aborder cette réalité a été d’y aller et de faire des photos comme je sais le faire. Mon but était de garder cette mémoire vivante », dit-il rétrospectivement. Le choix du Musée de la Résistance nationale de présenter ce travail, pour sa réouverture dans un nouveau bâtiment, s’inscrit dans cette veine, en donnant tous les éléments d’information nécessaires. Le parcours prend soin, en particulier dans sa première section, de différencier prisons et camps de transit, camps de concentration et centres de mise à mort, avant d’aborder les lieux de mémoire qu’ils sont devenus et de mettre en écho des objets ou écrits de déportés, issus de ses collections.