La création plastique de Najia Mehadji, peintre d’origine marocaine, est en totale résonance avec sa formation théâtrale grotowskienne. Importance donnée au geste, au corps qui s’inscrit parfaitement dans les circonvolutions de ses dernières œuvres. La toile vierge agrafée sur le mur est un espace ouvert, résonateur du corps – celui de l’artiste –, de son rythme, de ses vibrations. Son but ? Aller à l’essentiel en utilisant une technique épurée, délaissant le pinceau pour lui préférer un stick de peinture à l’huile. On peut qualifier sa démarche de véritable quête tant l’artiste accomplit avec continuité, jusqu’à l’épuisement du procédé, un geste unique et répétitif, faisant naître une forme, un mouvement, une lumière. Elle puise son inspiration aussi bien dans le mythe, dans nos expériences communes que dans son propre vécu, aboutissant à une mise en relation de l’univers, du cosmique, de l’humain. Ainsi, dans la série de toiles intitulée Chaosmos, des formes imaginaires, représentées selon différents points de vue, peuvent faire autant allusion aux astres, au yin et au yang, à l’astrolabe qu’à la vie, au flux, au mouvement. Par ailleurs, six sphères rouges regroupées sous le thème Gradient évoquent l’incandescence de la chair de la grenade, fruit appartenant à l’héritage culturel personnel de l’artiste, qu’elle choisit de représenter au faîte de sa croissance. Une analogie avec les plantes que l’on retrouve chez Grotowski dans l’un de ses exercices de composition : « Comme dans une plante, la sève monte, partant des pieds et se répandant vers le haut à travers tout le corps, parvenant aux bras qui commencent à fleurir, comme d’ailleurs tout le corps ».
Une peinture cérébrale et philosophique que l’on pourra retrouver dans l’exposition collective « Paris-Casa-Suites marocaines » au Couvent des Cordeliers à Paris, du 25 mai au 25 juillet.
Galerie Montenay-Giroux, jusqu’au 6 février.
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Le théâtre des formes de Najia Mehadji
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°503 du 1 février 1999, avec le titre suivant : Le théâtre des formes de Najia Mehadji