Toute photographie est trace d’actualité, fragment d’un réel qui s’est déroulé devant l’opérateur.
La photographie est avant tout un art mécanique (un art de la machine comme disait Delacroix) qui révèle un événement ou un état des choses. Pour Éric Poitevin, représenter nécessite une certaine exigence d’objectivité. Les séries qu’il présente actuellement en attestent avec vigueur. Portraits de vétérans de la Grande Guerre, chevreuils allongés dans l’immobilité de la mort, papillons gisant dans la poussière d’une collection, chacune de ses photographies enregistre un objet dans sa relation avec le temps.
Il semble en effet que l’art d’Éric Poitevin soit un art du temps, un art excluant toute anecdote, tout ce pathos que l’on retrouve si souvent dans la photographie documentaire.
Ce qui est là, devant nous reproduit à l’échelle humaine avec toute son intégrité physique, renforce la tension de ces espaces dilatés où la nostalgie et la mort rodent. Le temps paraît comme suspendu. Quel que soit le sujet, l’enregistrement accomplit son travail de deuil. L’objet reste là dans son immobilité. Il n’est déjà plus de ce monde. L’oubli constitue son linceul. Depuis des années Éric Poitevin poursuit une quête, celle d’une image antérieure à la parole, une image qui puissamment lutte pour son maintien en tant que trace des origines, de l’éternel et de l’éphémère.
METZ, Musée de la Cour d’Or, jusqu’au 14 novembre.
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Le temps selon Poitevin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Le temps selon Poitevin