Le temps des cathédrales

« Dénigrée et vandalisée au lendemain de la Révolution française, l’architecture gothique, et son parangon absolu qu’est la cathédrale, ont en effet connu un incroyable retour en grâce au cours du XIXe siècle », souligne Sylvain Amic, directeur du musée et commissaire de la manifestation. L’exposition décrypte ce changement de paradigme et cette progressive reconnaissance artistique, historique et politique jusqu’au premier conflit mondial, tout en mettant en évidence l’affirmation d’une conscience patrimoniale forgée par de grandes personnalités, dont Victor Hugo. Du romantisme à l’expressionnisme, le parcours se révèle copieux et pédagogique permettant de comprendre l’évolution de l’acception du monument, et notamment sa laïcisation. Outre les chefs-d’œuvre d’artistes incontournables sur le sujet comme Friedrich, Monet, ou Feininger, la démonstration convie des créateurs moins célèbres à l’image de Schinkel, chantre de l’architecture néogothique, mais aussi du symboliste Auguste Morisot. Servie par une agréable scénographie, la manifestation éclaire tous les pans dans lesquels s’est manifesté ce regain d’intérêt, dont le domaine assez méconnu des arts décoratifs. La section consacrée à l’incursion du motif « à la cathédrale » dans la vaisselle, le mobilier et dans l’horlogerie, constitue d’ailleurs un des points d’orgue de cette belle expo.