Il n’y a pas eu en France d’expositions importantes sur le mouvement symboliste, à part les Salons de la Rose Croix, organisés de 1892 à 1897 par le Sâr Peladan, esthète raffiné et fastueux, auteur de romans, de pièces de théâtre, de traités de philosophie, de mystique et de sciences occultes, ou bien l’exposition des « Peintres de l’âme » montée par la revue L’Art et la Vie, en 1896. Tous les thèmes réalistes étaient bannis de ces manifestations réunissant des artistes comme Osbert ou Aman-Jean, profondément marqués par les théories rosicruciennes, commentées en 1894 par le Sâr dans Comment on devient artiste et dans L’Art idéaliste. Peladan souhaitait alors rénover l’inspiration artistique, la dégager de la laideur quotidienne et l’élever vers le divin, seule source de beauté. Malgré ses efforts, trop mystérieux et exalté, il n’a pas eu sur la pensée de ses contemporains l’influence qu’il désirait. Du moins le croyait-on. L’exposition d’Ixelles, montée par Jean-David Jumeau-Lafond et Lucile Audouy, revient justement sur cet épisode français méconnu de l’aventure symboliste, y apportant un nouvel éclairage. Parmi ces « penseurs et praticiens de l’Idéal soucieux d’interroger le mystère des choses et l’âme de la nature » réhabilités aujourd’hui à juste titre, l’on doit citer Jeanne Jacquemin, Charles Guilloux ou Ville Vallgren. On retiendra aussi quelques noms célèbres comme Ménard et Lévy-Dhurmer, maîtres du pastel, Carlos Schwabe pour ses liens avec l’invention ornementale de l’Art Nouveau, Henry de Groux et ses œuvres d’une rudesse quasi expressionniste, Dulac pour la sinuosité décorative de ses paysages, ou bien encore Desvallières, dont l’âpreté du style s’apparentera bientôt à celle de Rouault, autre exposant de la Rose Croix.
BRUXELLES, Musée d’Ixelles, 15 octobre-31 décembre.
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Le symbolisme idéaliste du Sâr Peladan
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Le symbolisme idéaliste du Sâr Peladan