L’Occident a très tôt été séduit par la céramique japonaise où simplicité et sobriété s’allient à une impression de spontanéité et de puissance d’expression. Elle a même laissé son empreinte sur un artiste comme Jackson Pollock. En retour, l’expressionnisme abstrait inspira une jeune génération de céramistes japonais. Riche de cent cinquante œuvres, l’exposition de Sèvres traite des influences réciproques entre le Japon et l’art occidental.
Très anciennes, les premières céramiques datent du douzième millénaire avant notre ère, mais la révolution et la naissance de la céramique moderne se situent durant l’ère Meiji (1868-1912). Si l’influence de la céramique nippone en Europe est bien connue, celle de l’Exposition universelle de Paris en 1900 sur les céramistes asiatiques l’est moins. Or, elle remet en question un savoir-faire et des créations séculaires.
Avec le style Art nouveau, les Japonais découvrent les compositions sinueuses et décoratives, mais aussi de nouvelles techniques : les couleurs pâles ou les émaux cloisonnés sur porcelaine. Ils complètent aussi leur voyage par des visites à la manufacture de Sèvres. L’ornementation et les couleurs en dégradé, qui confèrent un rendu plus réaliste, font leur entrée dans le répertoire asiatique. Vers 1910, l’architecte Tomimoto Kenkichi se passionne pour les théories de William Morris et du mouvement Arts & Crafts. Il exhorte les potiers à réaliser des croquis d’après nature et non « des dessins de dessins ». Les céramistes deviennent de véritables concepteurs de créations individuelles. En 1952, le sculpteur américain Isamu Noguchi se rend dans son pays d’origine et introduit de nouveaux éléments de vocabulaire plastique.
À la modernisation des formes s’ajoute un graphisme linéaire issu de Klee, Miró ou Picasso. Après 1968, la céramique prend un essor considérable. Des artistes japonais séjournent aux États-Unis et emploient des couleurs primaires insufflées par le Pop Art. D’autres se lancent dans des formes issues de l’expressionnisme abstrait ou des tournures organiques. Parallèlement, un mouvement primitiviste accentue le retour aux sources et s’inspire de formes protohistoriques japonaises dans un procédé décoratif. Aujourd’hui, loin du classique service à thé, la céramique se fait sculpture. Une des plus belles réalisations est le Plis de terre de Itõ Kõshõ.
« Tõji, avant-garde et tradition du Japon », Musée national de la céramique, place de la Manufacture, Sèvres (92), www.musee-ceramique-sevres.fr, jusqu’au 26 février.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le style « occidentalisant » de la céramique japonaise
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°588 du 1 février 2007, avec le titre suivant : Le style « occidentalisant » de la céramique japonaise