« Le visiteur est le coauteur de cette exposition » : Olafur Eliasson fit preuve d’une grande générosité lorsqu’il ouvrit sa première exposition monographique canadienne à Montréal.
Mais n’exagérons rien, il fait surtout de ses spectateurs des observateurs avertis, des corps aussi. Ils sont mis en scène par des jeux de lumière qui décomposent leurs ombres en de multiples contours colorés. L’exposition tout entière est obnubilée par le spectre chromatique de la lumière, apparaissant au gré des huit installations lumineuses et aquatiques. Le parcours est très resserré, les espaces dédiés aux présentations temporaires étant majoritairement dévolus à une incursion brillante dans le legs de l’Exposition universelle de 1967 qui avait alors inscrit la ville québécoise sur la cartographie des métropoles avant-gardistes du globe. Centrée autour de La Maison des ombres multiples, une installation montrée une seule fois en 2010 à New York, la monographie s’attache au seul pan optique et perceptuel de l’œuvre d’Eliasson, délaissant les dimensions paysagères et écologiques qui attirent habituellement les foules. D’où, certainement, cette propension à insister sur la place centrale du visiteur, comme pour racheter une possible déception de ne croiser aucun sol organique. Restent des rideaux d’eau laissant échapper un arc-en-ciel le temps d’un coup d’œil bien ajusté, une fontaine stroboscopique qui fige, en une fraction de seconde, l’eau en suspension. Ces pièces sont les plus fascinantes parmi d’autres plus didactiques, décomposant la lumière en couleurs. Une première sage et appliquée qui fait tout de même événement, offrant une expérience d’observation, et amplifie l’effet de présence avec douceur et scientificité.
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Le spectateur, partenaire d’Eliasson
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Olafur Eliasson, Multiple Shadow House (Maison des ombres multiples), 2010, bois, métal, tissus, lampes halogène, verre, écrans de projection © Photo Sébastien Roy
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°704 du 1 septembre 2017, avec le titre suivant : Le spectateur, partenaire d’Eliasson