Au château de Chambord, une exposition revient sur l’influence de l’Italie dans l’éclosion de la Renaissance française.
CHAMBORD - De leurs campagnes en Italie au XVe et XVIe siècles, Charles VIII, Louis XII et surtout François Ier rapportèrent en France les idées et les motifs de la Renaissance italienne, qui donnèrent un souffle nouveau à la science, aux arts, aux lettres ou encore à l’architecture. Le château de Chambord constitue l’une des réalisations les plus représentatives de cette époque que les historiens qualifient de « première Renaissance française ». Il était donc logique que l’édifice conçu pour François Ier accueille l’exposition consacrée aux rois qui importèrent le modèle italien. Peintures, sculptures, manuscrits, tapisseries, armes, éléments architecturaux ont été réunis pour retracer « un récit d’histoire, la suggestion d’un destin […] beaucoup plus qu’une analyse proprement artistique d’œuvres », précise dans le catalogue Denis Lavalle, l’un des quatre commissaires de l’exposition. « Le choix des objets exposés n’entend pas s’inscrire forcément dans une recherche d’unicum exceptionnel. Il s’est d’abord agi de mettre en scène des œuvres parlantes. » Dans cette optique, la collection de François Ier est évoquée avec des copies de La Madeleine repentie du Titien, du Saint Jean-Baptiste de Raphaël ou encore de La Joconde. La possession du fameux Codex Leicester rédigé de 1504 à 1516 par Léonard de Vinci révèle, peut-être plus encore que celle de Mona Lisa, la passion du « Roi très chrétien » pour l’art du maître italien. Prêté exceptionnellement par Bill Gates, ce manuscrit, consacré aux recherches de Léonard sur l’hydraulique, se constitue de dix-huit doubles feuilles de papier de lin écrites recto verso. La rédaction est effectuée de droite à gauche et lisible uniquement dans un miroir. Pour des raisons de conservation, le codex a pu être exposé seulement quatre-vingt-dix minutes par jour, et ce, uniquement pendant les mois de juillet et août.
Les visiteurs pourront se consoler avec la célèbre tenture des Chasses de François Ier, visible, elle, jusqu’en octobre. Tissées vers 1620 à Paris dans les ateliers à l’origine des Gobelins, à la demande de Louis XIII, les 14 pièces qui la composent sont confrontées aux tapisseries de chasse de Maximilien réalisées pour Louis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, pièces prêtées par le Musée du Louvre. Œuvres non moins remarquables : les éléments conservés du château de Gaillon (1460-1525), en Normandie, édifié par le cardinal Georges d’Amboise, et ceux du château que Guillaume de Bonnivet, amiral de France sous François Ier, fit ériger en Poitou. Ces vestiges attestent de l’apparition d’un décor italianisant dans l’architecture française. Si le propos de l’exposition est passionnant, il est néanmoins difficile de s’y retrouver dans le dédale des espaces de Chambord, répartis autour du célèbre escalier à double révolution. Et, malgré une signalétique de couleurs vives, les visiteurs doivent faire preuve d’une grande concentration pour suivre le fil conducteur qui les mène des guerres d’Italie à la légende de François Ier dans la première moitié du XIXe siècle, en passant par différents thèmes comme « Chambord et la chasse » ou « La salamandre royale et le culte du prince ». Le parcours offre cependant de belles surprises, ainsi l’installation contemporaine sonore et lumineuse évoquant l’ambiance angoissante d’une chasse à courre. À découvrir également : « le centre d’interprétation » aménagé à l’entrée du château. Cette projection multimédia, qui demeurera en place à l’issue de la manifestation, permet de suivre la conception de Chambord pierre par pierre. Une excellente entrée en matière pour comprendre l’influence décisive qu’eut l’art italien dans notre pays.
Jusqu’au 7 octobre, château de Chambord, domaine national de Chambord, 41250 Chambord, tél. 01 44 61 21 50/02 54 50 50 26, tlj 9h-17h45 puis 9h-16h45 à partir du 1er octobre. Catalogue, éditions Somogy/Fondation de la Maison de la chasse et de la nature, 180 p., 27 euros.
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Le souffle de Léonard
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°198 du 10 septembre 2004, avec le titre suivant : Le souffle de Léonard