Le palais Ducal ouvre une « série » historique sur la ville de Gênes. Il est au centre de cette première exposition, les prochaines seront consacrées, en 2003 et 2004, à Andrea Doria et à Rubens.
GÊNES (de notre correspondant) - “Cette cité extraordinaire dévorant le monde constitue la plus grande aventure humaine du XVIe siècle. Gênes était alors la ville des miracles...” Ainsi Fernand Braudel évoque-t-il la période durant laquelle Gênes dominait la Méditerranée et était l’égale des grandes cours d’Europe. En quelque 400 œuvres – tableaux, sculptures, mobilier, tapisseries, objets d’or ou d’argent, médailles, armes, costumes –, trente salles y racontent l’aventure de Gênes, qui débute en 1339 avec l’élection du premier doge, Simone Boccanegra, pour s’achever en 1805 par l’annexion de la Ligurie à l’Empire français. Le metteur en scène Pierluigi Pizzi a suivi la chronologie et divisé la manifestation en quatorze sections reconstituant l’histoire politique de la République de Gênes. Les grands événements de la période sont illustrés par des œuvres de Van Dyck, Fiasella, Strozzi, Paggi et d’autres peintres génois de premier plan. Une galerie où figurent les portraits de la quasi-totalité des 140 doges, peints entre 1528 et 1797 par des artistes comme Carbone, Piola, Vaymeri, il Mulinaretto et Domenico Parodi, permet de constater l’évolution de l’art du portrait en peinture et les modifications du goût et de la mode pendant cette période.
Le 25 mars 1637, pour affirmer sa souveraineté, Gênes proclame la Vierge Marie reine de la République Sérénissime et le doge Giovanni Francesco Brignole lui remet le sceptre, la couronne royale et les clefs de la ville. Dans la chapelle du Doge, La Vierge de la Cité de Domenico Fiasella et les fresques du couronnement de la Vierge par Giovanni Battista Carlone (1655) témoignent de l’appétit de domination des Génois. L’opulence dont les doges s’entouraient éclate dans les arts décoratifs ornant le palais et les tableaux commandés aux grands noms de l’époque : Gaulli, Franceschini, Tiepolo, Piola, Fragonard. Dans les magnifiques salles de l’Appartement ducal sont accrochés les chefs-d’œuvre de Giambologna, Tintoret, le Guerchin. L’Enlèvement des Sabines a été exécuté par Luca Giordano pour le doge Costantino Balbi ; Vénus et Mars, de Rubens, a été acquis à Paris par Giovanni Francesco II Brignole Sale, dont la collection s’enorgueillissait de la Cléopâtre du Guerchin ; Jésus endormi entre deux anges, de Guido Reni, est issu de la collection du seul doge qui ait été élu deux fois, Giacomo Maria Brignole. Curiosité historique, un tableau de Hallé, le Doge de Gênes reçu à Versailles par le Roi-Soleil, montre la foule assistant en 1685 à l’arrivée à la Cour du doge Gian Francesco Imperiale Lercari accompagné de quatre sénateurs, venus présenter leurs excuses à Louis XIV, un an après le bombardement par la flotte française de la ville, accusée de mener une politique anti-française. Une Esquisse pour un portrait de Napoléon de Jacques-Louis David clôt le parcours.
- EL SIGLO DE LOS GENOVESES, art et splendeurs au Palais des Doges, jusqu’au 28 mai, Palazzo Ducale, Piazza Matteotti 9, Gênes, tél. 39 010 557 40 00, tlj sauf lundi 9h-21h.
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Le Siècle des Génois
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°104 du 28 avril 2000, avec le titre suivant : Le Siècle des Génois