En cette seconde moitié du xviiie siècle, l’Ancien Monde est ébranlé par des dissensions et des dissidences dont le grondement laisse deviner l’imminence du dénouement. Intellectuels et savants attisent les braises d’une Europe transformée en poudrière. Et si les maîtres artificiers semblent prêts à dynamiter un ordre établi, il faudra un Américain à Paris pour que s’accélère l’ère des révolutions : Benjamin Franklin (1706-1790), ou l’art de la polyvalence à l’échelle du monde.
Imprimeur, philanthrope et physicien, Franklin établit précocement un potentat culturel et scientifique à Boston puis Philadelphie, qu’il parvient à séduire et conquérir en vertu de ses talents multiformes. Homme de foi et de droit, il réaménage les infrastructures et l’urbanisme pour devenir l’une des figures tutélaires de la politique américaine. Fidèle à son célèbre aphorisme « Time is money », il invente en 1752 le paratonnerre, qui le propulse instantanément, via la physique, sur le devant de la scène internationale.
Ce self-made-man, qui incarne l’émancipation des jougs autoritaires, vient en France lors d’une mission longue de neuf années, de 1776 à 1785, qui l’amène à côtoyer Greuze et Fragonard, Condorcet et Turgot ou encore Voltaire, Mirabeau et La Fayette. Point nodal de cet exceptionnel panthéon des grands hommes vivants, Franklin use de ses charmes et de ses mondanités pour asseoir ses découvertes scientifiques et ses visées politiques dont l’acmé est la signature du traité de Versailles en 1783 qui l’érige en héros universellement plébiscité de l’Indépendance américaine.
Le musée Carnavalet, pour l’occasion, restitue doctement l’atmosphère féconde de l’époque, entre salons et cafés, franc-maçonnerie et diplomatie, et évoque, à l’aune de ses intérêts scientifiques (ainsi l’aérostat ou le paratonnerre), cet encyclopédiste majeur qui fut portraituré sans pareil par les plus grands artistes de son temps, de Duplessis à Nini en passant par Houdon ou Caffieri.
Voir « Benjamin Franklin. Un Américain à Paris, 1776-1785 », musée Carnavalet, 23, rue de Sévigné, Paris IIIe, tél. 01 44 59 58 58, jusqu’au 9 mars 2008.
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Le rêve américain de Benjamin Franklin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Le rêve américain de Benjamin Franklin