Le retour de Pierre de Vallombreuse chez les Palawan

Elle l’a ramené auprès d’un peuple qu’il connaît bien pour avoir partagé son existence par intermittence dans les années 1990. Auprès des Palawan, il a appris à vivre dans la jungle. Il a réalisé aussi son « rêve d’enfant d’être Mowgli », disait-il alors. Le premier corpus de photographies noir et blanc marquant, et remarqué, qu’il a réalisé a constitué le fondement d’un travail qu’il ne cesse depuis de poursuivre sur les peuples autochtones menacés de désintégration ou de disparition. Pierre de Vallombreuse n’était toutefois pas retourné chez les Palawan depuis la création de la route et l’arrivée de missionnaires. « Je n’avais aucune envie d’assister à la désintégration de leur culture », précisait-il lors de l’exposition « Peuples » au Musée de l’homme en 2006.

Douze ans plus tard, la juxtaposition dans ce même musée des photographies réalisées dans les années 1990 et au cours de la période 2013-2017 montre que les Palawan ont su résister. On pourrait d’ailleurs croire que l’ensemble du corpus appartient à un même temps, tant la jungle et les faits et gestes des Palawan dans cette nature luxuriante semblent inchangés. La grande plénitude des images, la somptuosité des tirages dans leurs nuances de gris, inchangées d’une époque à une autre, participent au trouble, brouillent les temporalités et restituent dans une fidélité vertigineuse l’univers de la jungle où l’être, qu’il soit enfant ou adulte, se fond au point parfois de se confondre.