PARIS
Le nom de Salgado au Musée de l’homme sonne bien. Surtout quand l’institution parisienne l’inscrit dans la liste de ses événements programmés pour célébrer les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies signée au Palais de Chaillot, le 10 décembre 1948.
Pour illustrer les neuf articles sélectionnés par l’institution, parmi les trente que compte la charte, le photographe a sélectionné une trentaine d’images dans ses archives avec la complicité de son épouse, Lélia Wanick Salgado, commissaire de l’exposition. Le choix ramène à des images issues de différents reportages effectués de par le monde entre 1979 et 2009, de l’expulsion le 22 juin 1979 de trois cent quatre-vingts résidents du foyer Sonacotra pour immigrés de Garges-lès-Gonesse au recueillement d’un guide touareg dans les dunes de la région de Djanet en 2009. Camps de réfugiés éthiopiens photographiés en 1985, veillée funèbre de dix-neuf paysans assassinés le 16 avril 1996 dans l’état de Pará au Brésil ou encore retour aux travaux des champs de Mozambicains en 1994 : le regard de Sebastião Salgado porte une puissance plastique qui a fait sa signature. Reste que l’on aurait aimé avoir aussi son regard sur la situation actuelle ; il fait cruellement défaut. Le retirage de toutes ces photographies noir et blanc dans une même veine de ton contrasté ne peut faire oublier par l’uniformisation de leur tonalité que chacune appartient à une situation précise, expliquée dans un cartel qui aurait pu faire l’effort d’éclairer sur ce qu’elle est advenue depuis. Quant à l’entrée payante de l’exposition, elle est du plus mauvais effet quand on sait que les expositions photos programmées dans cette partie du musée sont habituellement gratuites.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : Le regard de Salgado sur la Déclaration universelle des droits de l’homme