CASABLANCA / MAROC
Si la création contemporaine africaine a fait une percée sur la scène occidentale dans les institutions et sur le marché, les initiatives sur le continent manquent cruellement.
C’est pour combler ce manque que La Fondation pour le développement de la culture contemporaine africaine (FDCCA) inaugure la première exposition itinérante d’envergure en Afrique. « L’Afrique doit récupérer son histoire. Sa mémoire ne peut continuer à être une mémoire fantôme qui circule en Occident et que les Africains ne voient jamais », souligne Yacouba Konaté, commissaire général de l’exposition. Autour du rêve enchanté et désenchanté, « Prête-moi ton rêve » est une exposition pensée comme « une caravane culturelle ambassadrice de l’art africain contemporain ». Elle débute à Casablanca en juin 2019 avant de faire escale au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Nigeria, en Afrique du Sud et en Éthiopie. Deux axes pivots sont à l’origine du projet : la transmission entre différentes générations de plasticiens et le rapprochement entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. L’exposition est évolutive et s’enrichira à chacune des étapes du parcours de nouvelles œuvres. Au total, le projet fédère une trentaine d’artistes de quinze nationalités différentes, vivant majoritairement sur le continent. On y découvre des œuvres de grands noms (Dominique Zinkpè, El Anatsui, William Kentridge ou Chéri Samba), aux côtés de plus jeunes artistes. Si toutes les techniques sont représentées (photomontage, peinture, vidéo…), la sculpture occupe une place essentielle. Elle est, comme le soulignent les organisateurs, « une matrice essentielle dans la reconnaissance de l’Afrique dans son excellence ». Ainsi, le visiteur découvre les sculptures en bois de l’Ivoirien Jems Koko Bi sur la métaphore du voyage collectif et du vivre ensemble ou la vision d’une Afrique désenchantée, symbolisée par les corps déchiquetés du Congolais Freddy Tsimba.
Maison de l’Union, rue Al Bahriya, Casablanca (Maroc), www.communicart.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : Le regard de l’Afrique sur elle-même