On avait pris l’habitude d’accoler à la firme Amateur architecture studio le seul nom de Wang Shu, 54 ans, maître d’œuvre chinois réputé, couronné Pritzker Prize 2012.
À tort, car Monsieur œuvre en réalité de concert depuis deux décennies avec Madame, Lu Wenyu, au sein de leur agence commune sise à Hangzhou. Déployée dans la grande galerie du Centre d’architecture Arc en rêve, à Bordeaux, cette vaste exposition monographique, la première en France pour le duo, remet ainsi les pendules à l’heure. Leur caractéristique essentielle réside dans une approche radicalement différente de celle majoritairement en vigueur en Chine : ni traditionalisme architectural ni modernité – souvent destructrice –, mais, au contraire, une interprétation subtile des savoir-faire ordinaires et de l’architecture vernaculaire en un langage des plus actuels. Une multitude de maquettes, croquis, photographies et films racontent les divers projets sélectionnés, dont la régénération du village de Wencun et le complexe culturel de Fuyang (salles 5 et 6), le splendide musée d’histoire de Ningbo (salle 4) ou la délicate maison d’hôtes Wa Shan, à Hangzhou (salle 3), lesquels illustrent, en particulier, une impressionnante justesse quant à l’usage des matières : pierre, terre, céramique, béton, bambou… Aussi, une grande place est-elle faite aux matériaux (parfois étonnamment assemblés façon « marqueterie »), que l’on peut même toucher. Dès l’entrée, le visiteur est d’ailleurs accueilli par quarante assemblages de bambou qui « choient » du plafond tels des mobiles, travail de recherche sur la structure dudit matériau effectué pour l’élaboration du pavillon He Lou. Histoire de montrer, grandeur nature, qu’un matériau millénaire peut être utilisé de manière contemporaine.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Le professionnalisme ultime d’Amateur architecture studio
