Des fleurs, il en est question dans toutes les pièces de l’installation que l’artiste français Éric Baudelaire, né en 1973 aux États-Unis, récipiendaire du prix Marcel Duchamp en 2019, a conçue pour la Kunsthalle saint-galloise.
À commencer par les roses, véritables héroïnes de l’installation vidéo qui constitue le cœur de l’exposition. Raccourci de sa version initiale à vingt-cinq minutes, le film mêle images documentaires de la plus grande halle réfrigérée au monde d’Aalsmeer (Pays-Bas), où 46 millions de fleurs transitent par jour, à un récit fictionnel tourné dans les rues parisiennes. Le spectateur de la vie urbaine que la caméra suit, le rappeur Oxmo Puccino, c’est « l’homme avec une fleur dans sa bouche », inspiré du personnage de la pièce de théâtre de Pirandello de 1922 qui sert de fil rouge à l’écriture de cette histoire – le texte de la pièce traduit en anglais se retrouve en fin de parcours imprimé sur de longues bandes de tissu noires, comme des linceuls. La fleur, « image, produit et symbole » comme le note le directeur des lieux, Giovanni Carmine, devient alors porteuse de références métaphysiques : la vulnérabilité de la nature que Baudelaire aborde dans des natures mortes de bouquets de fleurs des champs disposés dans des récipients de chimie ; ou encore l’éphémère des valeurs mis en scène dans des reliefs de paraffine colorée qui reprennent les statistiques des variations du marché de la rose, de la température de la mer Baltique ou des décès du Covid-19. Plus que jamais, la fleur devient alors la métaphore de notre fragilité humaine.
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Le pouvoir des fleurs
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°748 du 1 novembre 2021, avec le titre suivant : Le pouvoir des fleurs