PARIS
Avec la saison « Six continents ou plus », le Palais de Tokyo entend prendre sa part à la mise en lumière des minorités par les institutions artistiques.
Les diasporas noires et africaines, du Brésilien Maxwell Alexandre à l’Australien Jonathan Jones, y sont scrutées à travers la notion d’Ubuntu, qui donne son titre à l’exposition principale conçue par Marie-Ann Yemsi. Le terme bantou, que l’on peut traduire par « l’humanité ensemble », sied particulièrement à Jay Ramier, invité ici dans le cadre du Lasco Project. Son travail est de bout en bout marqué par le métissage et le remix de toutes sortes d’influences afros – d’où un titre d’exposition en forme de citation, en anglais et en créole : « Keep the Fire Burning (Gadé Difé Limé) ». Né en Guadeloupe en 1967, l’artiste a grandi au son du funk, du kompa et du soukouss que son père agrège alors dans des mixtapes. Le déménagement de la famille à Paris en 1974 lui vaut bientôt de découvrir une autre culture visuelle et musicale : le hip-hop. Au début des années 1980, Jay Ramier devient ainsi l’un des pionniers du graffiti hexagonal au sein des BBC (Bad Boys Crew). À l’époque, ses B-Boys manifestent déjà un goût pour le portrait, qu’il décline aujourd’hui dans des toiles inspirées par des clips vidéo glanés sur YouTube. Dans l’exposition, l’une d’entre elles montre Gwen McCrae en pleine interprétation du morceau qui donne son titre à l’exposition. L’artiste déploie ces influences dans le Palais de Tokyo à la manière d’un DJ. Il assure avoir conçu Keep the Fire Burning comme la production d’un disque dont il déclinerait toutes les étapes, depuis les sources d’inspiration familiales montrées dans l’escalier comme un hommage à son père récemment disparu, jusqu’à l’espace d’exposition principal qu’il aménage comme une salle de concert, avec spots et murs noirs. Là, Jay Ramier joue la carte du collectif et du partage, dans la lignée du graffiti. Derrière le clinquant des paillettes à l’entrée, l’accrochage est un sample d’Hervé Télémaque, de Martine Barrat, d’Arilès de Tizi et d’Ydiana Li Lopez – autant de femmes que d’hommes, de confirmés que d’émergents, de Noirs que de Blancs. Leurs œuvres, parfois teintées de violence, y dévoilent la musique comme un « prétexte », selon les mots de l’artiste, pour aborder des sujets sociaux et politiques.
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Le post-graffiti créole de Jay Ramier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Le post-graffiti créole de Jay Ramier