Le poids des paysages chez Malagrida

Ses photographies ou vidéos liées à un paysage ou à ses histoires en propre sont beaucoup moins référencées, excepté en Espagne. L’exposition que signe Audrey Hoareau, directrice du Centre régional de la photographie, révèle ce pan méconnu du travail de l’artiste barcelonaise installée en France. Son exploration des archives du Centre historique minier de Lewarde, menée l’an dernier dans le cadre d’une résidence du CRP, a déterminé ce choix, qui séduit du premier coup d’œil par la justesse et la sobriété du regard que l’on retrouve dans toutes les œuvres de l’artiste. Photographies de sous-bois, somptueuses dans leur cadrage et leur tirage, ou vidéo construite à partir de la course du soleil sur un menhir : la métaphore sur le temps provoque sensations et réflexions. Le panorama de terrils d’un bassin minier et de ses galeries souterraines, reconstitué à partir d’images et de dessins au fusain issus des archives du Centre historique minier de Lewarde, est un autre concentré de temps, symbole de ce que l’extraction de charbon nécessita en force de travail et généra en résidus. Tout système, ou acte, produit ses propres traces, révélateurs de leurs fondements et fonctionnements. Anna Malagrida a l’art de les rééclairer ou de les remettre en cause. La vidéo d’un homme devant une montagne de déchets issus d’une fête populaire, balayant le sol, imperturbable malgré le vent qui soulève résidus et poussière, en est une redoutable dénonciation.