Après César, une autre figure du Nouveau Réalisme bénéficie d’une rétrospective à la Galerie nationale du Jeu de Paume : Arman. Paradoxalement, si la collection d’art africain de l’artiste a été présentée à Paris l’année dernière, lui n’a jamais bénéficié d’une rétrospective dans la capitale. Offrant un panorama de créations datant de 1959 à 1997, l’exposition permet de se faire une idée plus juste d’une œuvre pour le moins inégale.
PARIS - “Entre 1958 et 1963, [Arman] a créé une œuvre fulgurante qui a bouleversé tous les canons de l’art contemporain de l’époque. Évidemment, il y a vingt années de… Comment peut-on appeler ça ? Pas des redites, mais des… Mais, bon, on délaie un petit peu !” Ces propos tenus par Pierre Nahon, le galeriste d’Arman, dans le film de Jean-Luc Léon, Le marchand , l’artiste et le collectionneur, avaient laissé coi au moment de leur diffusion sur Arte le 4 octobre1996. Pourtant, l’exposition de la Galerie nationale du Jeu de Paume donne un nouveau relief à cette déclaration, si ce n’est une certaine justification, artistiquement s’entend. Dès la fin des années cinquante et le début des années soixante, les grands axes des recherches d’Arman sont déjà tracés, recherches brillantes qui tourneront malheureusement – surtout à partir de la fin des années soixante-dix – dans le travers d’une production par trop guidée par le marché.
Artiste américain d’origine française – il est né à Nice en 1928 –, Arman réalise ses premières “accumulations” dès 1959, ensembles d’objets manufacturés identiques réunis dans des boîtes ou placés sous vitrine, à l’image de Home, Sweet Home, une accumulation de masque à gaz datant de 1960. À la même époque, il réalise ses Poubelles, compositions colorées élaborées à partir de déchets en tout genre. L’artiste participe, dès sa création le 27 octobre 1960, au mouvement des Nouveaux Réalistes théorisé par Pierre Restany. Répondant à l’exposition du “Vide” organisée par Yves Klein à la galerie Iris Clert, Arman y propose au contraire quelque temps plus tard le “Plein”, accumulation jusqu’au toit de toutes sortes d’objets qui interdisait jusqu’à l’entrée dans la petite galerie. Reconstituée en 1994 par le Centre Georges Pompidou, elle fait aujourd’hui partie de la collection du Musée de l’objet, à Blois. Autre facette de son travail, les Colères sont issues de destructions d’objets ménagers ou d’instruments de musique dont les différents vestiges sont ensuite assemblés.
Dès le milieu des années soixante-dix, Arman a bénéficié de commandes publiques, principalement des accumulations monumentales. Après le Fossile mécanique de Dijon pour l’IUT de la ville, il a créé en 1985 l’Heure de tous et Consignes à vie devant la gare Saint-Lazare à Paris. Certaines de ses œuvres ne brillent pas par leur légèreté, comme les chars d’assaut pris dans le béton devant le ministère de la Défense à Beyrouth...
L’exposition, qui réunit une centaine de pièces significatives couvrant la période 1959-1997, sera ensuite présentée à Ludwigshafen, en Allemagne, à Lisbonne et à Tel-Aviv.
ARMAN, 27 janvier-12 avril, Galerie nationale du Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, Paris, tél. 01 47 03 12 50, tlj sauf lundi 12h-19h, mardi 12h-21h30, sam. et dim. 10h-19h ; catalogue 320 F.
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Le Plein d'Arman
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Le Plein d'Arman