Munich expose les œuvres du Pérugin et revient sur sa renommée construite dans le sillage de son élève.
MUNICH - Pour fêter ses 175 ans, la Alte Pinakothek de Munich accueille la première exposition allemande sur le Pérugin. L’institution a centré l’accrochage sur un chef-d’œuvre de ses collections, La Vision de saint Bernard (1489-1490). À partir de cette œuvre acquise en 1829 par Louis Ier de Bavière, le musée analyse la fortune critique du Pérugin en Allemagne au XIXe siècle tout en donnant à voir quelques morceaux de choix exécutés par le maître de Raphaël aux premières heures du XVIe siècle.
Pietro Perugino, de son vrai nom « Pietro Vanucci » (vers 1450-1523), n’a bénéficié que tardivement d’une renommée comparable à celle qu’il détenait dans les collections françaises. En point de départ, la Pinakothek offre une reconstitution du Polyptyque de San Pietro à Pérouse consacré vers 1500, grâce à des prêts de Rome, Rouen et Nantes, mais dont le panneau principal, L’Ascension du Christ, est resté au Musée des beaux-arts de Lyon (la majorité des prêts de l’exposition proviennent de France et d’Italie). Démantelé au cours de l’histoire, le retable monumental retrouve sa cohérence et sa majesté grâce à la réunion d’une partie de ses panneaux, prédelles et tondi.
L’exposition se divise en catégories bien définies : sujets antiques, Vierges de dévotion personnelle, portraits de commandes. Des dessins préparatoires sont montrés aux côtés des œuvres finies, ainsi que des tableaux issus de l’atelier du maître, dont une Madone à la grenade (vers 1504, Vienne), dessin au crayon noir de son élève Raphaël. Au travers de cette Vierge à l’Enfant, on cerne tout ce que l’élève doit au maître, mais également la vivacité et la légèreté qui manquent aux œuvres du Pérugin. Les madones hiératiques de celui-ci, sur fond de paysages nordiques empruntés à Hans Memling, seront reprises ensuite par les élèves de son atelier.
Les portraits présentés, parmi lesquels un magnifique Portrait de Francesco delle Opere (1494, Florence), sont tous d’une grande qualité : le Pérugin y étudie les traits de caractères tout en ne dérogeant pas aux règles du portrait social. En fin de parcours, l’exposition revient sur le succès historiographique du Pérugin en Allemagne, grâce aux mouvements pré-romantiques et à leur intérêt pour Raphaël. Harmonieux et contemplatifs, les tableaux du Pérugin sont loués pour la grâce de leur composition et leur apport à l’œuvre de Raphaël, copiés et diffusés dans les écoles d’art. À Munich, le Pérugin reste finalement encore dans l’ombre de son glorieux élève.
Commissariat : Andreas Schumacher, conservateur en chef des peintures italiennes à la Alte Pinakothek
Nombre d’œuvres : 42
Jusqu’au 15 janvier 2012, Alte Pinakothek, Barer Straße 27, Munich, Allemagne, tél. 49 89 23805-216, tlj sauf lundi, 10h-18h, le mardi jusqu’à 20h, www.pinakothek.de
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Le Pérugin à l’ombre de Raphaël
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°357 du 18 novembre 2011, avec le titre suivant : Le Pérugin à l’ombre de Raphaël