Le Pavillon suisse, discrètement subversif

Intitulé « Moving Backwards »,  il prend la forme d’une installation et d’un film signés Pauline Boudry et Renate Lorenz. Le duo a voulu que l’on y rentre comme par les coulisses pour se retrouver face à une scène que révèle le glissement d’un rideau pailleté. L’écran sert littéralement de cadre à une performance filmée qui met en mouvement l’idée d’un retour en arrière sur lequel Pauline Boudry et Renate Lorenz ont souhaité s’interroger. Cette théâtralisation formellement très simple suggère une relecture de l’Histoire comme processus idéologique de construction des identités, sexuelles, sociologiques, culturelles. La scène filmée est précisément celle sur laquelle les spectateurs se tiennent, ainsi invités en quelque sorte à danser leur propre chorégraphie. Dans Improvisation télépathique – qu’on avait pu voir l’an dernier au Centre culturel suisse –, Pauline Boudry et Renate Lorenz exploraient la manière dont « les autres prennent part à notre désir d’imaginaires politiques et sexuels alternatifs ». Avec Moving Backwards, elles semblent vouloir franchir un pas de plus en nous invitant symboliquement à monter sur scène et à devenir acteurs de… la suite ? En première page du journal distribué à la sortie du Pavillon, elles imaginent : « Des rencontres étranges pourraient être le déclencheur agréable de quelque chose d’inattendu. » Ça se danse.