Le Musée Carnavalet présente le plus important ensemble de vues de la capitale
peintes par l’artiste fauve depuis 1910.
PARIS - « Paris ne s’arrête pas au XIXe siècle ! », s’exclame Jacqueline Lafargue, commissaire de l’exposition « Albert Marquet. Vues de Paris et de l’Île-de-France » actuellement présentée au Musée Carnavalet, à Paris. De prime abord, l’institution consacrée à l’histoire de Paris avait en effet émis quelques réserves à l’égard du peintre fauve. Mais Jacqueline Lafargue a eu raison de ces réticences en réunissant des œuvres qui, bien qu’ancrées dans le XXe siècle, s’inscrivent dans la thématique du musée. Notre-Dame, les quais de la Seine sous la pluie ou le Pont-Neuf : Albert Marquet (1875-1947) avait fait de Paris un sujet de prédilection. Parmi les cent trente œuvres exposées figurent également les travaux réalisés aux environs de la capitale – où le peintre se plaît à évoquer le calme de la nature. De nombreuses œuvres sur papier, croquis et esquisses témoignent de son talent d’observateur.
Japonisme
Si les pièces proviennent à parts égales de galeries, collections publiques et collections privées, la commissaire déplore « des manques cruels, dus soit à l’impossibilité de faire venir les œuvres soit au refus de prêt ».
La dernière rétrospective parisienne dédiée à Albert Marquet, organisée au Musée de l’Orangerie, remonte à 1975. Cette manifestation ne comptait que très peu de vues parisiennes, aussi Jacqueline Lafargue se félicite-t-elle d’avoir organisé la première exposition sur le sujet depuis 1910, année où l’artiste présenta son travail en galerie. Passé une première salle consacrée aux débuts de Marquet, où son sens de l’harmonie des couleurs est déjà manifeste, le visiteur découvre les séries de vues de la capitale. En louant des chambres transformées en atelier à divers endroits de la ville, le peintre fauve, suivant en cela les recommandations de son professeur Gustave Moreau, s’adonnait à l’observation de la rue. Le choix d’un point de vue surélevé n’est pas sans rappeler le parti pris de Claude Monet qui, dans Boulevard des Capucines (1873), le Quai du Louvre (1867) ou Le Jardin de l’Infante (1867), avait choisi de reproduire l’activité citadine avec la distance de l’observateur privilégié. Mais Albert Marquet préfère manifestement évoquer la personnalité de la ville, rendue quasiment vivante, que détailler ses personnages, fugaces silhouettes noires. L’influence du japonisme, et plus particulièrement de Hokusai, transparaît à travers les aplats de couleurs. La neige, la pluie et le brouillard viennent rythmer les séries sur les quais Conti, des Grands-Augustins et Bourbon, mais le plus étonnant reste cette vue nocturne du Pont-Neuf (1935-1939), où les lumières de la ville et les phares des automobiles viennent se refléter sur les trottoirs inondés de pluie.
Plus tranquilles, les représentations des berges de la Seine en banlieue parisienne sont vite éclipsées par l’œuvre sur papier. En quelques coups de pinceau, l’artiste croque adultes attablés au café et enfants défilant dans les jardins publics. Ces visions elliptiques permettront-elles de faire oublier l’image d’Épinal à laquelle, d’après Jacqueline Lafargue, l’œuvre d’Albert Marquet est trop souvent réduite ?
Jusqu’au 23 janvier 2005, Musée Carnavalet, 23, rue de Sévigné, 75003 Paris, tél. 01 44 59 58 58, www.carna valet.paris.fr, tlj sauf lundi 10h-18h. Catalogue, Éditions Paris-Musées, 136 p., 29 euros, ISBN 2-87900-845-X
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Le Paris d’Albert Marquet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°202 du 5 novembre 2004, avec le titre suivant : Le Paris d’Albert Marquet