Le parcours initiatique du GRAV

Retour vers l’histoire. Vers un passé proche toujours actuel au regard de la jeune création contemporaine, concentrée depuis une dizaine d’années sur le participatif, la réaction du spectateur. Ce morceau d’anthologie présenté de nos jours, c’est le labyrinthe créé en 1963 par un collectif d’artistes plutôt provocateurs formé en 1961, le GRAV. Le Groupe de Recherche d’Art Visuel, composé d’Horacio Garcia-Rossi, Julio Le Parc, François Morellet, Francisco Sobrino, Joël Stein et Jean-Pierre Yvaral, combattait durant les années 60 la passivité du spectateur face à l’œuvre d’art tout en prônant le ludisme comme pratique sociale. Un discours teinté de cette dimension utopique qui faisait alors son charme. Cet art engagé et social cherchait, parfois avec virulence, à effacer toute trace de sentimentalisme dans la création et surtout érigeait l’anonymat en dogme. Plus politique qu’une pièce de Rirkrit Tiravanija, l’art du GRAV, plutôt porté vers le cinétique, stimulait non seulement la vue mais surtout le corps, engageant la participation volontaire ou involontaire du spectateur. Le labyrinthe ici exposé, avec une succession de 20 cellules, plonge le visiteur dans un univers ludique, fait d’expériences et d’épreuves. Dans une sollicitation de tous les instants, successivement acteur ou sujet, « le cobaye » doit franchir des étapes destinées à ouvrir son regard et à le dégager de ses inhibitions vis à vis de l’art. « Défense de ne pas participer, Défense de ne pas toucher, Défense de ne pas casser », peut-on lire dans le Manifeste. Le ton est donné au spectateur qui pourra en prendre plein les yeux et le corps dans cette pièce, ainsi qu’avec certaines autres œuvres du groupe présentées pour l’occasion.