Le papier n’est pas mort, ainsi que le signale le titre anglais de cette exposition, une référence assumée au « Punk is not Dead » des années 1970 et aux crêtes visibles ici ou là.
À l’heure de la domination numérique, il reste le support de choix pour les quarante artistes qui donnent à cette troisième session une cadence accélérée par un éventail de formes et de couleurs provoquant le regard du visiteur. Sous les doigts de Mariama Kamo, Raphaël Baud, Ward, Simone Découpe ou Laurent Nicod, le papier est le dénominateur commun qui sert aussi bien aux collages qu’aux pliages et aux motifs de tatouage dont les thèmes croisent insectes, têtes de mort, visages féminins vintage, monstres évolutifs et David Bowie. Du graphisme alternatif au gothique décalé, les styles oscillent au gré des désirs de chacun de résister aux canons classiques. Cet hétéroclite « rock’n roll », comme le dit Mathieu Sabarly, le commissaire qui préside à cette aventure collective, a l’avantage de mettre en valeur autant le carnet de voyage descriptif que l’affiche sérigraphiée qui détourne les idées reçues. L’image animée à l’ancienne retrouve ses droits au moyen d’inventions éphémères mises en mouvement par des roues de vélo. Le parcours se répartit dans deux granges comtoises qui procurent des ambiances étranges et ludiques à la manière d’un vaste cabinet de curiosités. On entre, on circule, on s’interroge. Sollicité par tant de propositions que la mémoire peut oublier, on sait que, si besoin, le papier en garde les traces.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : Le papier fait de la résistance
