Après avoir exposé l’été dernier Robert Combas, le domaine de Chamarande, avec Philippe Pasqua, expose un autre artiste clivant – cet expressionniste contemporain, faisant rarement dans la demi-mesure, on aime ou non.
Ici, avec le concours des commissaires Julie Sicault Maillé et Henri-François Debailleux (collaborateur du Journal des Arts), le plasticien, avec un ensemble d’œuvres variées couvrant trente années de carrière (sculptures, tableaux, dessins et collages), a les coudées franches, en intérieur comme en extérieur, pour déployer son univers tourmenté, nourri à la fois par des préoccupations écologiques récentes (protéger les océans) et par ses obsessions : l’intimité des êtres, la stigmatisation face à la différence ; on connaît son attrait pour les marginaux (opérés, trisomiques, transsexuels, aveugles). Dans le parcours, on retrouve certaines de ses productions monumentales réalisées six mois plus tôt pour le Musée océanographique de Monaco (le requin géant, le chant des méduses, la tortue échouée…), mais, avouons-le, ça fonctionne moins bien ici, car ces pièces maritimes, faites sur mesure pour une institution en bord de mer, semblent comme parachutées. Dommage. Bien plus intéressants sont sa série de portraits « de famille » au sein du château et, surtout, ses crânes brûlés aux papillons, croisés ici et là. Certes, ces têtes de mort papillonnantes, proches des vanités hollandaises qui présentent de magnifiques bouquets de fleurs bientôt rongés par les vers, sont loin d’être nouvelles dans la production de l’artiste, mais justement, en les brûlant, Pasqua, façon cérémonial, enterre sa série des crânes aux papillons en affirmant que ce sont les derniers. Sur ce coup-là, on a envie de le suivre pour voir ce que cette envolée va bien pouvoir donner.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Le nouvel envol possible de Pasqua