Photographie

Le Musée Réattu ouvre la boîte de pandore

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 28 septembre 2020 - 477 mots

ARLES

Le musée arlésien active l’imaginaire que renferment les collections insolites de la Ville à travers des images d’artistes comme de photographes.

Lucien Clergue, Le cabinet aux statues I, 1987, collection Musée Réattu. © Lucien Clergue, SAIF, 2020
Lucien Clergue, Le cabinet aux statues I, 1987, collection Musée Réattu.
© Lucien Clergue, SAIF, 2020

Arles. Régulièrement, le Musée Réattu met en avant ses collections à travers des expositions temporaires. Les 150 ans de l’institution ont ainsi donné lieu, en 2018, à une présentation revenant sur son origine et son développement. Aujourd’hui le thème choisi combine, sous la forme de cabinets de curiosités, l’éclectisme des collections, leur histoire et l’intérêt porté par des artistes à certaines des pièces qui les composent ou à leurs lieux de conservation.

« L’idée est née de la conjonction du récolement en cours des collections du Muséum d’histoire naturelle et de l’ancien hôpital de la ville, et du travail de [l’artiste] Corinne Mercadier sur les figures féminines de la mythologie grecque, notamment Pandore », explique Andy Neyrotti, attaché de conservation au Musée Réattu et commissaire de l’exposition. « Corinne désirait photographier la salle de la commanderie de Sainte-Luce, restée dans sa mémoire pour son état d’abandon poétique. Animaux empaillés, herbiers et reproductions en plâtre de sculptures antiques y avaient été entreposés. Depuis, la pièce a été presque vidée et rénovée, mais demeurait l’idée de Pandore par qui tout arrive, surtout le mal alors qu’elle n’assouvit qu’un souci de curiosité. Cette dialectique de la curiosité résonne avec le travail de récolement. »

Un nouveau regard

Le Musée Réattu, musée municipal, se retrouve en effet dépositaire d’une multitude d’objets de collection provenant des institutions de la ville, fermées ou reconverties, tels le Muséum d’histoire naturelle d’Arles ou l’hôtel-Dieu. Pour la première fois, ces objets sortent des réserves. Le visiteur est happé par leur histoire à tiroirs sur la ville d’Arles et ses musées, mais aussi sur les collectionneurs qui les ont détenus antérieurement.

Moulages de plâtre anciens, animaux naturalisés, objets orientalistes ou mobilier liturgique : d’un récolement à l’autre, le regard porté sur l’importance de ces pièces a évolué. Nombre d’entre elles ont disparu ou n’existent plus. De la collection d’oiseaux, riche de plus de 1 000 spécimens, il ne reste aujourd’hui qu’une poignée de volatiles que l’opération a permis de restaurer. Les photographies de pélicans naturalisés de Bogdan Konopka ou celles signées Patrick Bailly-Maître-Grand sur les étranges créatures conservées dans les bocaux du Muséum d’histoire naturelle demeurent l’unique témoignage de ces pièces. Certaines images, réalisées par Lucien Clergue, Mimmo Jodice ou Bernard Plossu dans le cabinet de moulages anciens de statues antiques offrent de précieux documents.

Le propos n’est pas de signaler les absents, mais de donner un nouvel éclairage à ces pièces souvent plus insolites que précieuses. Leur appropriation par des photographes ou des artistes aussi différents que Corinne Mercadier, Sophie Calle, François Burgun ou Ton Zwerner en enrichit l’imaginaire.

À l’étage, le focus sur la collection de photographies de musée dévoile une série de négatifs gélatino-argentiques sur plaque de verre d’Alfred Latour (1888-1964) tout dernièrement identifiés dans les fonds.

La boîte de Pandore. Le grand cabinet photographique,
jusqu’au 31 décembre, Musée Réattu, 10, rue du Grand-Prieuré, 13200 Arles.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°551 du 18 septembre 2020, avec le titre suivant : Le Musée Réattu ouvre la boîte de pandore

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