Filiation. - Comme contrepoint contemporain, le musée a choisi cette fois de mettre en résonance à Monet la peinture tardive d’Hermann Nitsch, connu surtout pour ses performances à l’époque de l’Actionnisme viennois.
Conséquence de sa fascination pour le maître des Nymphéas, Nitsch réalise en fin de carrière une peinture plus colorée et lumineuse. Pour l’artiste, cette proximité entre Monet et lui est une évidence. Pourtant, face aux toiles exposées ici, cela ne paraît pas si clair, et la peinture de Nitsch ne fait guère le poids face au géant de l’impressionnisme. Bien sûr, chez l’un et l’autre on peut voir en surface la question de la couleur et de la matière libérée du sujet. Mais en profondeur, leurs œuvres ont peu en commun, ni dans leur forme, ni dans leur effet. Barbouillant la toile d’une matière épaisse, d’un geste physique et instinctif, Nitsch chemine dans une filiation avant-gardiste qui a intégré le réel dans l’acte créatif. Quelque chose de sa peinture est de l’ordre d’une libération cathartique du corps. Par ailleurs, le formalisme abstrait de ses tableaux est très différent de l’ambivalence inhérente à l’œuvre de Monet. De l’empâtement à la touche légère, de l’épaisseur à la fluidité, du précis au flou, l’œuvre de Monet est ambiguë : de près, elle est matière et geste, mais de loin, elle recompose une image. Et, bien que sans repères figuratifs, s’ouvrent des mondes végétaux, aquatiques, atmosphériques. Une ambiguïté formelle que l’on ne retrouve pas chez Nitsch. Contrairement à d’autres contemporains, de Joan Mitchell à Philippe Cognée, dont l’œuvre résonne profondément avec celle du maître.
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Le maître et moi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°771 du 1 janvier 2024, avec le titre suivant : Le maître et moi