Xiiie Siècle - On dit souvent que la révolution dévore ses enfants, il semble que, parfois, elle mange aussi les parents.
Cimabue (1240-1302) pourrait en témoigner : lui, l’incroyable maître de Giotto, le peintre visionnaire du Moyen Âge italien qui fit entrer son art dans une autre dimension. La révolution de l’élève est telle qu’elle a presque fini par éclipser l’immense talent de celui qui l’a formé tout comme la personnalité même de ce peintre grandiose dont les prouesses ont été encensées par Dante dans La Divine Comédie. Personnage de papier, il a aussi inspiré une des plus jolies légendes des Vies des artistes de Giorgio Vasari, le premier biographe des peintres modernes. De ce génial professeur, on ne sait aujourd’hui pratiquement plus rien, pas même l’origine de l’étrange sobriquet de celui qui avait pour nom de baptême Cenni di Pepo. Il reste en outre très peu d’œuvres que l’on peut lui attribuer avec certitude. Une dizaine environ. Et, on s’en doute, ces rares merveilles qui nous sont parvenues du Duecento ne sont qu’exceptionnellement prêtées, quand elles sont tout simplement prêtables, en raison de leur fragilité. Programmer une exposition autour de Cimabue est donc aussi hardi qu’ardu. Il est vrai qu’au début, il faut s’accrocher pour entrer dans le sujet. La matière est érudite et parle d’une période que l’on connaît très mal. D’où les efforts de contextualisation pour aider le visiteur à se retrouver dans ce foyer artistique et comprendre les enjeux et les défis de ses principaux représentants. Autour de son chef-d’œuvre tout juste restauré, la Maestà [voir L’Œil 783] et un petit panneau récemment redécouvert, se déploient ainsi des peintures et sculptures de ses confrères et épigones. Mais aussi des objets et des documents, qui agissent comme autant d’indices visant à percer le mystère Cimabue. L’accrochage très clair et élégant favorise les comparaisons stylistiques et permet des raccourcis efficaces et didactiques qui valent mieux que de longs discours pour comprendre l’apport décisif de l’inventeur du naturalisme.
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Le Louvre enquête sur Cimabue
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°784 du 1 avril 2025, avec le titre suivant : Le Louvre enquête sur Cimabue