Avec sa barbe hirsute, ses yeux d’une inquiétante espièglerie et sa peau ravinée par les plissements, le visage de Paul Dardé ressemble aux masques grimaçants de Jean Carriès.
Inclassable, ce sculpteur fut également indomptable, fréquentant notamment, mais sans jamais s’y plaire, les Beaux-Arts de Paris puis l’atelier de Rodin. La Première Guerre mondiale, où il perd sa joie et son fils, lui souffle des œuvres hantées par l’angoisse et la disparition. Ainsi, en 1920, ce fils de paysan présente au Salon des artistes français une Éternelle Douleur ainsi qu’un Grand Faune, lequel lui fut commandé par de riches industriels – les frères Regnault – sur la foi d’un « bout de croqueton ». Dans son atelier de la rue de l’Université, à Paris, et sous l’œil éphémère d’un photographe, Paul Dardé soutire à un bloc de calcaire cyclopéen une sculpture de quatre mètres et douze tonnes. Au Salon de 1920, cette gigantesque concrétion symboliste reçoit des éloges et, avec, le prestigieux prix national des arts. Un temps présentée dans les jardins luxuriants du Musée Rodin, cette œuvre redoutable est désormais exposée au Musée de Lodève, la ville natale de ce génie turbulent.
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“Le Grand Faune”, de Dardé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : “Le Grand Faune”, de dardé