Le genre urbain

D’un côté, « Urbain.e.s », curatoréees par la galeriste Magda Danysz. De l’autre, « Des futurs désirables », imaginée par les apprentis journalistes du Labo 148 avec le Frac Grand Large sous la houlette de la commissaire Julie Crenn. La première exposition réunit une vingtaine d’artistes autour de deux enjeux : explorer « les représentations du genre dans l’espace public » et présenter diverses figures de l’engagement. Or, cette double approche rend illisible un parcours hésitant entre chronologie et juxtaposition d’œuvres signées par les grands noms de l’art urbain. Pour qui s’attend à y trouver un examen des pratiques articulées autour du genre dans la ville, « Urbain.e.s » déroute. En quoi l’intervention monumentale de Saype, les aphorismes de Robert Montgomery ou les tableaux de Icy & Sot éclairent-ils cette question ? Symétriquement, comment expliquer l’éviction des interventions les plus militantes et/ou corrosives dans l’espace public contemporain, depuis le graffiti féminin jusqu’aux collages et performances féministes ? Pourquoi manier un terme aussi politique que celui de genre dès lors qu’on fait l’impasse sur les esthétiques queers dont l’art urbain offre pourtant quelques exemples ? C’est dans l’exposition « Des futurs désirables » qu’on trouvera les réponses les mieux ajustées aux questions soulevées par la Condition publique. Les jeunes du Labo 148 éclairent les collections du Frac Grand Large à l’aune de productions sonores, de vidéos et d’installations maniant dans des termes très actuels la façon dont les identités de genre (se) manifestent dans l’espace public. Ce faisant, ils assument la position défendue par Julie Crenn, selon laquelle « un lieu d’exposition est forcément politique ».