Le feuilleton des Bourguignons

Le monastère royal de Brou joue en effet la carte de la culture populaire pour raconter la rocambolesque saga des souverains des anciens Pays-Bas bourguignons des XVe et XVIe siècles ; souverains auxquels le monastère est étroitement lié, car il a été fondé par Marguerite d’Autriche. Il faut dire que l’épopée des ducs de Bourgogne, puis des Habsbourg, s’apparente à un palpitant feuilleton ponctué d’assassinats, d’interminables conflits, de rivalités politiques, de vendettas familiales, mais aussi de tendres histoires d’amour. Au XIXe siècle, alors que l’Europe se passionne pour le Moyen Âge, sur fond de constitution des États-nations, ces hommes et femmes, dont la destinée mêle les ingrédients d’un mélodrame addictif à grand spectacle, n’ont pas cessé d’inspirer les écrivains et les artistes, chacun à sa façon. Les troubadours ont ainsi fait leur miel des faits historiques sur le mode anecdotique et charmant, tandis que les romantiques ont dépeint avec fougue les rebondissements les plus théâtraux et violents de cette geste. À la manière d’un roman-photo très incarné, le parcours déroule les destins de ces personnalités hautes en couleur, de Philippe le Hardi à Charles Quint. Ce manuel d’histoire en trois dimensions convoque une quarantaine d’œuvres : des images bien connues, qui ont longtemps émaillé les livres d’écolier, aux représentations plus inattendues. On retrouve ainsi les glaçantes représentations de la mort de Charles le Téméraire, l’hallucinant assassinat de l’évêque de Liège ou encore le dantesque naufrage de Charles Quint. En marge de cet imaginaire sombre se déploient de délicieuses saynètes à la gloire des femmes, célébrant tantôt le courage d’Isabelle du Portugal, le mécénat de la régente Marguerite, sans oublier la détermination de la duchesse Marie. Une fresque incontournable pour tous les amoureux de la peinture troubadour, autant que pour les passionnés d’histoire.