Danse & Théâtre

Le faux pas de "On danse ?"

Mucem - Jusqu’au 20 mai 2019

Par Céline Garcia-Carré · L'ŒIL

Le 21 février 2019 - 344 mots

MARSEILLE

« On danse ? » Le titre sonne comme une invitation adressée au visiteur, encouragé dès l’entrée « à se promener, s’asseoir, s’étirer, s’allonger » sur l’épaisse moquette sombre qui recouvre un sol parfois incliné ou prolongé en fauteuils.

Dans l’obscurité moelleuse d’un même espace, une dizaine d’écrans de différents formats, disposés parfois en enfilade ou superposés par un jeu de matière semi-transparente et de miroirs, présentent simultanément la même œuvre, créant une unité visuelle et sonore au sein de laquelle il est possible de déambuler à sa guise. Pourtant, ce parti pris d’associer le spectateur au mouvement s’avère vite inopérant malgré l’appel de balançoires intégrées à un design rétro-éclairé séduisant. En effet, l’image ainsi démultipliée dans l’espace sature rapidement la vision, obligeant à se concentrer sur un seul écran et invitant davantage à l’immobilité qu’au déplacement. Si la scénographie n’incite pas à se mouvoir, elle offre en revanche la possibilité de s’installer confortablement pour regarder un flux continu de six heures de vidéos composé d’une soixantaine de films, de textes et de pièces sonores, tout à fait captivant. Les mouvements amateurs côtoient les explorations de chorégraphes de renom, ainsi que la danse perçue par différents cinéastes et écrivains. Ces diverses approches de l’acte dansé ramenées au même plan posent clairement l’une des questions qui sous-tend l’exposition : où commence la danse ? Bien qu’omniprésente, la vidéo n’est pas seule en scène. En contrepoint de l’image et du son, quelques objets sont exposés comme, par exemple, une sculpture réduite au tiers de Tomoaki Suzuki qui s’apprécie en s’agenouillant, un ghetto-blaster du graffeur Hondo mis en regard avec un tambour de chaman ou encore un éventail à plumes de Mistinguett face à un plumeau, « objet chorégraphique » de William Forsythe à activer soi-même. Bien qu’ayant pour point commun de provoquer ou de prolonger l’acte de danser, ces associations d’œuvres-objets disséminées sur le parcours confinent à l’anecdotique. « On danse ? » est un pas de deux partiellement réussi : la richesse du corpus audiovisuel n’avait pas besoin d’une mise en scène, certes soignée, mais qui produit finalement plus d’effet que de sens.

« On danse ? »,
Mucem, 7, promenade Robert-Laffont, Marseille (13), www.mucem.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Le faux pas de "On danse ?"

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