Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher). La photographie a toujours fait partie de la programmation du Centre d’arts et de nature du domaine de Chaumont-sur-Loire. Mais il n’y a jamais eu de rendez-vous spécifique.
La création par Chantal Colleu-Dumond de Chaumont-Photo-sur-Loire fixe désormais, entre novembre et février, un temps propre dans le calendrier annuel des événements de ce domaine prisé pour ses expositions de printemps et d’été. Elger Esser, Thibaut Cuisset, Gérard Rondeau et François Méchain en tête d’affiche d’une première édition, la proposition est alléchante. Chacun incarne une écriture spécifique sur le paysage. L’hommage rendu à Thibaut Cuisset et Gérard Rondeau, décédés récemment, l’exprime.
Les images en noir et blanc de Gérard Rondeau reflètent des voyages, des attachements, des convictions et un imaginaire appréhendés dans ce qu’ils peuvent contenir de subjectifs, de fragiles, d’incertains ou en instants de grâce. Mémoires de lieux ou incarnations d’une nature sauvage ou cultivée inscrivent leur présence par touches discrètes, floutées ou focalisées sur un détail. Il y a une part de journal intime dans les photographies de Gérard Rondeau.
Rien de tel chez Thibaut Cuisset où voyager et photographier en pleine lumière zénithale donne à voir des paysages d’Islande, de l’Euphrate et de la Loire abordés chacun dans leurs spécificités. Le choix de lieux communs couplé à un traitement concis, dépouillé de tout pathos ou affect reflète l’identité, la beauté et la grandeur de chacun d’eux dans un équilibre des formes, de couleurs et de perspectives empreint d’une grande tranquillité.
Une grande tranquillité que pourraient partager les grands formats d’Elger Esser, lui aussi influencé par la peinture et la littérature ; si ce n’était chez le photographe de l’école de Düsseldorf - de Bernd Becher, plus précisément -, le soin de s’inscrire dans un autre rapport à la beauté sereine de la Loire ou du Nil, mais aussi dans un autre temps. Le traitement à l’identique des deux fleuves, que ce soit dans la lumière ou dans les couleurs développées, aurait d’ailleurs mérité un accrochage qui les confronte de bout en bout comme le fait la dernière salle afin de créer les effets de miroir, de mémoire, de trouble si présents dans les photographies de Elger Esser. Les distances, les époques se confondent dans ses transpositions du présent comme dans ses réappropriations des techniques photographiques et des codes picturaux du paysage en cours au XVIIIe ou XIXe siècle.
C’est un autre plaisir que l’on éprouve devant les grands formats de François Méchain, reproductions en noir et blanc de ses sculptures in situ alliant matériaux brut, végétal et/ou minéral liés aux espaces de ses interventions. Comme chez Georges Rousse, la photographie est l’aboutissement d’une démarche originale. Dans le parc du domaine L’Arbre aux échelles, œuvre à l’origine éphémère, s’inscrit dans le paysage. La première édition de Chaumont-Photo-sur-Loire réfléchit des liens de grande fidélité. Leur juxtaposition néanmoins parfois les dessert, surtout dans les espaces du château.
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Le domaine de Chaumont-sur-Loire se dote d’un rendez-vous photo
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°491 du 15 décembre 2017, avec le titre suivant : Le domaine de Chaumont-sur-Loire se dote d’un rendez-vous photo