Londres. La Tate Britain s’était penchée récemment sur le sujet des femmes artistes, avec son exposition « Women in Revolt ! Art and activism in the UK, 1970-1990 » (novembre 2023-avril 2024) ; le musée consacré à l’art britannique continue de creuser cette thématique avec une nouvelle exposition intitulée « Now You See Us ».
Opérant un focus sur les artistes liées à la Grande-Bretagne entre 1520 et 1920, l’exposition donne à voir un ensemble pertinent en s’attachant à montrer les obstacles que les artistes femmes ont rencontrés en raison de leur genre.
Au nombre de ces obstacles, figurent notamment le refus de certaines institutions, à l’exemple de la Royal Academy of Arts, de les admettre en leur sein. Ou encore la quasi-impossibilité des femmes à exposer autre chose qu’un nombre limité d’œuvres. Quant à vivre de leur art, cela restait mal vu au XVIIIe siècle, rappelle la Tate : une fois mariées, les artistes femmes changeaient leur statut de peintre, et se voyaient ravalées au rang d’amateur. L’exposition montre aussi qu’elles ont longtemps été cantonnées à des thèmes mineurs tels que des scènes d’intérieur ou des tableaux de fleurs. Les sujets historiques ou religieux étaient réservés aux hommes.
Un sentiment de gâchis plane sur le parcours : combien d’œuvres auraient-elles pu être produites par les femmes si elles n’avaient pas rencontré ces obstacles ? En même temps, une force de vie se dégage de l’ensemble, liée à la ténacité que ces artistes ont démontrée, et même, au succès que certaines ont obtenu de leur vivant – un succès économique, social et d’estime. Éloquente est l’œuvre Nameless and Friendless (1857, [voir ill.]) d’Emily Osborn, qui dépeint une jeune femme pauvre à l’air contrit présentant un tableau à un marchand dont l’expression est ostensiblement perplexe.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°639 du 20 septembre 2024, avec le titre suivant : Le difficile parcours des femmes artistes en Grande-Bretagne