Figure de proue de la création audiovisuelle, Le Fresnoy s’intéresse avec « Visions fugitives » à l’un des versants les plus féconds de l’image en mouvement : l’animation.
Pas celle des dessins animés grand public ni des jeux vidéo. À l’entertainment, les œuvres – pour la plupart récentes – rassemblées à Tourcoing préfèrent l’exploration forcément autoréférencielle d’un médium, mais aussi des questions sur lesquelles ouvre sa pratique. Si certaines mobilisent les technologies les plus avancées (simulation 3D chez John Gerrard, interactivité dans le Chronorama de Laurent Pernot, net art dans The Thief de Francis Alÿs), la plupart affichent une sobriété qui les conduit à préférer le noir et blanc. De sorte que chez William Kentridge ou Justin Bennett, l’animation tourne au conflit entre la gomme et le crayon, entre le fusain qui noircit et la main qui efface.
De fait, l’image en mouvement est d’abord pour ces artistes une manière de représenter le passage du temps. Dès le prologue de l’exposition, une succession de silhouettes s’éloignant jusqu’à se fondre dans un fond blanc brumeux donne le ton : en soulignant ce qu’il y a d’éphémère dans toute animation, Curtain ! de Maïder Fortuné ouvre un questionnement sur l’évanescence et la disparition, dont les trente « visions fugitives » exposées au Fresnoy tireront les divers fils. Memento mori chez Qiu Anxiong, figure de l’entropie pour Kelly Richardson, l’animation est ainsi chez Hiraki Sawa, Alexander Schellow ou Thor Ochsner le point de départ d’un travail sur la mémoire individuelle ou collective.
Le Fresnoy, 22, rue du Fresnoy, Tourcoing (59), www.lefresnoy.net
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Le dessin d’animation face à ce qui se dérobe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°645 du 1 avril 2012, avec le titre suivant : Le dessin d’animation face à ce qui se dérobe