LAUSANNE - Il est rare qu’il se passe un seul jour en Europe sans qu’une exposition consacrée à Pablo Picasso ne soit ouverte au public. Le relevé des hommages posthumes au maître espagnol deviendra, dans quelques temps, plus important en volume que celui des expositions qu’il eut de son vivant.
La Fondation Edelman de Lausanne, toute entière dédiée à l’art contemporain (elle accueillera prochainement la rétrospective Pier Paolo Calzolari), a sacrifié à son tour au plus grand mythe artistique du XXe siècle. La présente manifestation se concentre sur la dernière période du peintre, que les organisateurs ont préféré qualifier de contemporaine plutôt que d’ultime, non seulement pour éviter toute connotation fâcheuse, mais surtout pour affirmer la légitimité d’un tel écart historique dans la programmation.
Les collaborations des musées Picasso de Paris et d’Antibes, du Kunsthaus de Zurich, du Kunstmuseum de Winterthur, de galeries et de collectionneurs privés comme Jan Krugier, Beyeler, Leiris, Amman, Gilbert de Botton ont permis de rassembler près de quatre-vingt- dix œuvres. De nombreuses photographies évoquent l’année 1971. Est-ce faire injure à la mémoire de l’inventeur du cubisme que de considérer ses dernières productions bien inférieures aux premières, marquées du sceau de la passion fébrile ? De 1960 à sa mort en 1973, sa peinture est le fruit d’une vitalité théâtrale que les couleurs stridentes et les traits à l’emporte pièce sont supposés exprimer. Seule une rhétorique solidement établie, qui ne provoque ni ne suscite plus guère l’émerveillement, pouvait soutenir une telle débauche. Que le peintre des Demoiselles d’Avignon ait pu se pasticher ainsi lui-même sans vergogne n’est pas le moindre de ses mystères.
Picasso contemporain, Fondation Edelman, jusqu’au 25 septembre.
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Le dernier Picasso
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°4 du 1 juin 1994, avec le titre suivant : Le dernier Picasso