Le coup de gueule de Soham Gupta

Lauréat de différents prix, l’ouvrage publié chez Akina Books révélait le regard cru porté par un jeune photographe indien sur le dénuement des habitants des quartiers délaissés de sa ville. Pour la première fois, la totalité de la série est exposée en France. Les portraits, tous réalisés sur le même principe (de nuit et de manière frontale au flash), sont sans concession. La prise de vue ne génère pas pour autant de la part de ceux ou celles qu’il photographie de réactions de rejet ou d’agressivité. Au contraire, chacun exprime ce qu’il est et ce qu’il ressent. Le portrait individuel domine, le regard direct aussi,tout comme la maigreur parfois squelettique des corps. Des visages et des peaux défigurés par les excroissances provoquées par la lèpre nous font face. Ceux et celles qui n’ont pour seul bien que le maigre vêtement qu’ils portent sur eux ont tous les âges. Le système de castes et les inégalités économiques qui se creusent poursuivent leurs ravages en Inde. Sa colère contre une société qui ne veut pas voir ni conjurer ce qu’endurent ces plus démunis, Soham Gupta l’exprime, sans oublier cependant de montrer les liens d’affection qui peuvent unir deux êtres et éclairer les visages. Diffusée sur les deux niveaux de l’exposition, la bande sonore, spécialement composée par Federico Rodriguez-Jimenez en collaboration avec le photographe, apporte un réconfort à cette nuit dont les pluies torrentielles, quand elles sévissent, forment à l’image des éclats de lumière irréelle.