Nous demandons chaque quinzaine à un professionnel de nous présenter l’objet de sa galerie – simple ou précieux – qui lui tient le plus à cœur, en nous disant pourquoi.
Christian Béalu est spécialisé en meubles et objets d’art des XVIIe et XVIIIe siècles, mais surtout en faïences et porcelaines anciennes. Rien d’étonnant à ce qu’il ait eu un véritable coup de foudre pour cette coupe en majolique d’Urbino du milieu du XVIe. “Sa composition, son graphisme et ses couleurs font toute la qualité de cette crespina godronnée sur pied bas”, explique l’antiquaire du boulevard Saint-Germain. Le fond est composé d’un paysage avec une ville et des montagnes, sous un ciel bleu dégradé et jaune à l’horizon. Le décor historié, polychrome et peint en plein, représente l’Enlèvement d’Hélène : des guerriers combattent tandis qu’Hélène, au centre, est attrapée par un soldat. “Inspiré de gravures, cet épisode de la mythologie grecque est connu dans la majolique par un plat du Musée du Louvre qui précède de vingt ans cet objet”, ajoute-il. “La mode des istoriati, apparue à Faenza à la fin du XVe, s’est développée à Urbino au cours du XVIe siècle”. La mer figure au second plan avec, à gauche, un bateau dont la voile est roulée et, à droite, des arbres. Au dos de cette coupe de 27 cm de diamètre, est inscrit “Il ratto di Elena”. Bien qu’aucun manque ne soit à déplorer, le fait que plusieurs morceaux soient recollés ramène son prix à 75 000 francs.
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Le coup de cœur de Christian Béalu, antiquaire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Le coup de cœur de Christian Béalu, antiquaire