En un temps où l’on n’évoquait pas encore le terme de « photographie plasticienne », l’œuvre de Dieter Appelt était déjà présente dans de nombreuses manifestations artistiques. Actif dès le milieu des années 70, il reste le pionnier d’un courant, largement répandu depuis, d’intervention sur son propre corps. Sans doute faut-il en trouver l’origine auprès des actionnistes viennois de la décennie précédente comme Günther Brus ou Rudolf Schwartzkogler. Appelt n’a fait que ralentir la performance, gagnant ici en mystère ce qu’il perdait là en violence. Le corps, exposé, nu, souillé de craie blanche ou enrobé de bandelettes à la manière des momies, demeure au centre de la représentation. Corps-objet, manipulé, mis en scène, réinventé, concentrant l’attention du spectateur tout en usant de son propre jeu de références : des cérémonies primitives africaines (ici l’on songe aux masques enduits de terre des lutteurs noubas) aux thèmes religieux de la peinture classique, lorsque par exemple sa position d’abandon sur le sol évoque Mantegna. Pour Dieter Appelt, la photographie n’intervient qu’à la fin du processus, plaque sensible qui témoigne d’un moment, aussi fugace soit-il. Sa bouche souffle une légère buée sur un miroir, et c’est la vie qui jaillit sur la froide surface du tirage argentique.
PARIS, galerie Françoise Paviot, 1er février-8 avril.
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Le corps-objet de Dieter Appelt
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°513 du 1 février 2000, avec le titre suivant : Le corps-objet de Dieter Appelt