Depuis les carrés de velours dessinant des motifs damassés aux célèbres tissus Kuba cousus de symboles, en passant par des étoffes \"patchwork\" du Ghana, les tissus africains d’Afrique de l’Ouest et du Zaïre offrent un décor essentiellement géométrique, abstrait, où le signe est langage.
PARIS - «Au fil de la parole» présente une trentaine de textiles africains appartenant au fonds du Musée Dapper. Provenant de pays aussi divers que le Ghana, le Mali ou le Zaïre, ces tissus en soie, coton, raphia s’articulent autour du thème du signe. Des correspondances plastiques s’établissent entre les différentes étoffes tissées ou brodées qui, proches de l’abstraction, jouent sur la répétition des motifs, la combinaison des signes, ou plus simplement sur le plein et le vide...
Un feu d’artifice de couleurs
Ainsi, les somptueux ntshaks des Kuba du Zaïre, longues pièces rectangulaires qu’on enroule autour du corps, ne sont pas peints mais constitués d’éléments cousus sur la toile. Ces «appliqués» représentent des motifs d’entrelacs, flèches, chevrons qui s’entrecroisent pour former des dessins labyrinthiques. Certains signes isolés évoluent dans le vide avec rythme et liberté, débordant parfois les limites du tissu.
À ce chassé-croisé visuel des symboles Kuba s’opposent les bogolans, saturés de motifs peints, des Bamana du Mali. Le décor de ces étoffes teintes en plusieurs fois fonctionne selon le principe négatif/positif. Ici le signe se répète à l’infini, s’emprisonne et se décline de manière quasi algébrique. De même, «l’effet patchwork» des tissus abstraits kente (Ghana) dans un feu d’artifice de couleurs ne laisse place à aucun espace vide.
Déjà, en 1988, avec l’exposition "Au Royaume du signe", le Musée Dapper avait montré des tissus nshack du Zaïre, mais confrontés alors à des œuvres de Penck, Paul Klee ou de Chillida.
AU FIL DE LA PAROLE, jusqu’au 25 septembre, Musée Dapper, 50 avenue Victor-Hugo, 75116 Paris, ouvert tous les jours, de 11h à 19h, tél : 45 00 01 50. Catalogue : 204 p, 232 F.
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Le champ du signe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°16 du 1 juillet 1995, avec le titre suivant : Le champ du signe