Le Brun et les passions de l’âme

Qu’en est-il de la figure de l’animal dans l’actualité de la création artistique ? Soyons franc : il n’est pas certain que ce soit là une question préoccupante. Pourtant, elle n’en est pas moins intéressante et l’on observe, quand on s’y penche, qu’elle est en fait une question récurrente, occupant parfois une place considérable dans l’œuvre de certains créateurs. Forts de cette analyse, Daniel et Florence Guerlain l’ont choisie pour thème de leur nouvelle exposition. Sous le titre d’« Animal figuré », fidèles à leur image de rassembleurs, ils ont réuni les travaux de 14 artistes de générations et de styles très différents. De Gilles Aillaud à William Wegman, en passant par Burkhard, les Lalanne, Ostier et Séchas notamment, ils ont constitué comme une espèce d’anthologie au présent sur le sujet. Celle-ci met en évidence, comme le note François Nourissier en préface du catalogue que la vision de ces artistes « peut être craintive, religieuse, attendrie, agressive, sarcastique, naturaliste, onirique ; elle peut insister sur la dérision ou l’émotion, la violence ou le Calendrier des Postes – elle n’est jamais triviale. » De fait, au-delà de toutes préoccupations formelles, les œuvres présentées aux Mesnuls instruisent les termes d’une véritable réflexion sur le rapport que l’on entretient avec l’animal dans un respect pleinement assumé du modèle. Elles sont par ailleurs l’occasion d’interroger la nature et la pertinence de la démarche de ces artistes tant il est vrai que c’est là un sujet finalement difficile. Enfin, l’intérêt d’une telle exposition est tant d’y retrouver le travail admirable de Cueco que d’y découvrir celui d’un artiste comme Pascal Bernier dont les cinglants accidents de chasse et l’amusante ferme marquent fortement l’esprit.