Il s’agit en tout cas de regarder plus loin que le bout de son nez (ou de son nombril) à la Biennale de Montréal, réarrangée par une nouvelle équipe afin de lui donner plus de visibilité à l’échelle internationale.
Le thème est peut-être un peu convenu pour cela, mais il ne faut pas bouder son plaisir devant une exposition de bonne tenue. L’avenir dans ce cas précis a tendance à beaucoup se retourner, tirant les leçons d’un passé plus ou moins proche. Par peur d’être dogmatique peut-être ? En tout cas, aucun de la cinquantaine d’artistes sélectionnés par les quatre commissaires n’est allé sur le terrain de la franche fiction, et nulle esthétique ne vient embarquer dans des spéculations technoïdes. L’art y est d’ailleurs assez conventionnel – beaucoup de vidéos, quelques travaux à veine documentaire, des sculptures et installations, un peu de peinture et de dessin – et les nouvelles pistes formelles y sont rares. Cependant, Hito Steyerl y va d’un film hirsute, Liquid City (2014), fresque hypnotique et bipolaire très efficace, tandis que l’artiste autochtone Skawennati expose la somme des neuf épisodes créés à partir du monde virtuel Second Life. TimeTraveller ™ (2008-2013), une fresque qui fait sauter les lignes chronologiques en brassant six cents ans d’histoire, les Indiens avec les Mayas, Alcatraz ou encore les crises contemporaines politiques. Ann Lislegaard a aussi choisi l’esthétique numérique pour disserter sur un futur possible à partir de l’animation projetée d’un renard bègue (Time Machine, 2014). Entre réalités géopolitiques (Susan Norrie), écologiques (Ursula Bieman, Isabelle Hayeur), identitaires (Jacquelin Hoan Nguyen), la Biennale prend le pouls du monde tel qu’il va. Et au fil de son parcours réserve quelques douceurs mélancoliques, comme les confidences de sœurs grises recueillies par Emmanuelle Léonard (La Providence, 2014), petites silhouettes frêles et âgées néanmoins sans inquiétude, parfaitement en paix avec leur avenir. Une très belle leçon sans artifices, qui constitue l’un des signes forts de cette Biennale principalement basée au Musée d’art contemporain, et qui semble bien amorcer sa mue.
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L’avenir fait-il le futur ?
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : L’avenir fait-il le futur ?